Budget au radar

Budget au radar

Ne vous méprenez pas sur le titre : il ne s’agit pas de soupçonner le Gouvernement de naviguer à l’estime par gros temps budgétaire. Et de lâcher imprudemment le spi de l’EBE sous les quarantièmes rugissants des latitudes patronales - pour l’affaler aussitôt, terrorisé par tant de témérité. Non : on veut plutôt évoquer les radars ordinaires, ceux qui mènent une guerre sans merci aux excès de vitesse. Leur nombre ne cesse de prospérer, concourant ainsi à l’amélioration sensible de la sécurité routière et aux recettes de poche du Trésor. Lequel en attend un billet de 800 millions cette année, et presque 10% de plus l’année prochaine. Pas mal. Mais l’investissement dans les cafteurs automatiques coûte un bras : le prix d’une limousine de luxe pour un radar fixe. Plus le prix d’une petite citadine chaque année, pour en assurer l’entretien. Car ces robots n’ont pas vraiment la cote chez les automobilistes, et souffrent d’un vandalisme récurrent. C’est triste à dire, mais les radars sont braqués plus souvent que les bijouteries niçoises. Si bien que ces bandits manchots sont soumis à la loi incontournable des rendements décroissants : leur rentabilité unitaire baisse avec leur prolifération.

Afin d’apporter son concours gracieux à la réflexion de Bercy, le billettiste voudrait proposer une solution susceptible de résoudre les difficultés budgétaires en un tournemain. Car multiplier les radars coûterait une fortune, et encore bien des routes demeureraient-elles dépourvues de contrôle. On suggère de ce fait d’équiper chaque véhicule d’une puce-espion, reliée au tachymètre et connectée à un réseau GPS déterminant avec précision les vitesses autorisées dans chaque zone. Au moindre dépassement, un signal déclencherait le prélèvement automatique de l’amende sur le compte du contrevenant. Accessoirement, l’Etat français pourrait louer l’accès du réseau à la NSA américaine, et ainsi rentabiliser l’espionnite étrangère. A vue de nez, le système devrait rapporter plus de 100 milliards, et même le responsable de l’Agence de traitement des infractions ne pourrait s’exonérer de ses contributions. Faire voter le budget deviendrait ainsi une partie de plaisir. Et l’Elysée pourrait damer le pion à la Maison-Blanche, qui ne parvient pas à amadouer son Congrès. Mais Obama dispose d’une arme secrète : il va nommer Janet Yellen à la tête de la FED. Vous n’allez pas le croire, mais Janet est encore plus passionnée que Ben Bernanke par la planche à billets. L’Amérique n’a peut-être pas de budget, mais elle ne manquera pas d’argent.

La recette du jour

Radariser l’immobilier

Vous avez correctement rentabilisé vos immeubles urbains en louant une niche aux banques, pour leurs automates distributeurs de billets. Cette manne est désormais tarie (les banquiers conservent leurs biffetons). Exploitez maintenant vos immeubles ruraux en louant un emplacement au Trésor pour les radars automatiques. C’est d’un bon rapport au km/h.

deconnecte