Camouflet en Rafale

Camouflet en Rafale

Quelqu’un sait-il combien coûte réellement un Rafale ? Quelle remise le constructeur peut-il consentir pour un achat de trois douzaines, avec paiement au cul du camion ? Voilà des informations que l’on aimerait bien connaître, car chaque fois que Dassault est en compétition sur un marché militaire, son avion est systématiquement évincé sur l’argument du prix. Il est en revanche plus difficile d’obtenir des avis circonstanciés et sincères sur les performances comparées des avions en lice – seuls les pilotes de combat pourraient nous éclairer, mais l’on suppose qu’ils sont soumis au devoir de réserve. Il semblerait toutefois que notre Rafale soit un authentique bijou guerrier, ce pourquoi les Américains déploient ordinairement tous les moyens à leur disposition pour descendre en flammes sa réputation. Afin de positionner leur F35, qui sera une merveille technologique le jour où ils parviendront à le faire voler. Ce qui n’est apparemment pas demain la veille. En tous cas, il faut se rendre à cette évidence : le matériel militaire n’est pas un marché comme les autres. Et le prix est rarement un facteur discriminant : les gouvernements acceptent volontiers de casser leur tirelire, pour s’offrir de l’armement supérieur à celui de leurs adversaires potentiels.

Comme le Brésil est en froid avec l’Oncle Sam, eu égard aux mauvaises manières de ce dernier, les Etats-Unis étaient mal partis pour remporter le marché avec Brasilia. Ce qui n’exclut pas les manœuvres souterraines de leur part, pour disqualifier leur concurrent le plus redoutable sur n’importe quel marché. Mais il faut reconnaître que dans cette affaire, la France n’a eu besoin de personne pour se fossoyer. Pas de chance pour le président Hollande, qui se voit signifier le choix du Gripen quelques jours après sa visite officielle au Brésil. Mais une telle décision a probablement été mûrie de plus longue date. Depuis la mi-2010, en fait, où notre pays se rangea du côté de Washington pour ridiculiser l’initiative turco-brésilienne en vue d’apaiser le dossier iranien. La rumeur prétend que Lula fut ulcéré par la trahison de la France, une nation supposée défendre la souveraineté des Etats contre la vassalisation des grandes puissances – un puissant argument pour le commerce des armes. Notons au passage que le plan brésilien pour l’Iran se trouve aujourd’hui validé, mais sous initiative... américaine. En matière de politique internationale, on finit toujours par payer (cher) l’apostasie des grands principes. Rendons grâces à la bienveillance de dame Dilma Rousseff, qui n’a pas laissé notre Président repartir les mains vides : l’embargo brésilien sur le fromage de Roquefort a été levé. Sans transfert de technologie, ni de brebis. Lhe agradeça a senhora Dilma.

La recette du jour

Business guerrier

Vous cherchez une activité à forte valeur ajoutée. Lancez-vous dans le commerce des armes. Mais attention : il ne suffit pas d’avoir la moralité d’un homme politique ordinaire pour réussir dans le trafic. Il faut aussi une loyauté indéfectible à l’égard de ses clients, même s’ils sont aussi peu recommandables que le trafiquant.

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