Cannes en scène

Cannes en scène

Comment ça, vous n’étiez pas à Cannes mercredi soir ? Dommage pour vous. En dépit de ses 67 ans, le Festival conserve sa magie originelle et une fraîcheur de jouvencelle. Nombreux sont ceux qui auraient aimé prendre la place de Lambert Wilson pour quelques pas de danse avec la Kidman, dont le sourire craquant et l’élégante silhouette ont fait oublier les caprices de la météo. En dépit de l’accueil controversé du film où elle incarne Grace de Monaco, lequel, comme il est d’usage, a fait couler beaucoup d’encre avant que quiconque ait pu le visionner. Mais sans polémiques, sans déclarations tonitruantes, sans images scandaleuses, Cannes ne serait pas Cannes. Car le cinéma emprunte au monde réel quelques uns de ses scénarios. Comme celui qui a permis à des commentateurs facétieux de baptiser « Strauss-Cannes  » le Festival de cette année, même si Depardieu n’a pas été admis à concourir pour son rôle de marathonien de la galipette. Mais le monde de la fiction était également présent sur l’estrade : la longue chevelure grisonnante de Jane Campion évoquait celle de « GJ », le gourou-qui-ne-veut-pas-l’être de The Top of the Lake, sa mini-série qui débute de façon prometteuse et s’achève en queue de poisson – désolé, Jane. On espère de tout cœur que tel ne sera pas le cas du présent Festival.

C’est toujours un moment douloureux, pour la gent politique française, d’affronter la puissance d’attraction considérable de Cannes. L’événement attire quelque 4.500 journalistes, qui ne peuvent donc plus cancaner sur les états d’âme et les petites phrases des éminences parisiennes – la pitance ordinaire de la vie publique française. Si bien que les désordres présents qui jettent des doutes sérieux sur la cohésion gouvernementale - que le porte-parole a déclarée « sacrée car elle est la condition de la réussite  »-, ces désordres promettent de passer au second plan, derrière les joutes inévitables entre membres du Jury cannois. Mais l’avantage du Festival, c’est qu’il en sortira un palmarès qui s’imposera à tous et qu’aucun juré festivalier n’aura la vulgarité de contester. On en connaît un qui aimerait bien avoir l’autorité de Jane Campion sur son Conseil : le Premier ministre. Ce serait tellement cool si après avoir été validée, toute décision faisait l’objet d’une solidarité sans faille de la part des ministricules. Mais bon, ne rêvons pas : un tel scénario est tellement improbable qu’aucun cinéaste n’oserait en faire une honnête fiction.

La recette du jour

Jury ministériel

Vous accordez une grande importance à la collégialité dans la prise de décision. Vos principes démocratiques vous honorent. Vous avez donc le profil approprié pour présider le Jury de Cannes. Mais évitez par dessus tout de diriger un Conseil des ministres : vous n’y gagneriez que la Palme d’or de la déception.

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