Chlorpyrifos et le (...)

Chlorpyrifos et le yaourt

Eh bien, il était temps que les Américains se préoccupassent d’un phénomène alarmant : le QI de leurs enfants ne cesse de baisser. Le reste de la planète avait déjà observé le phénomène, en visionnant en live les images de n’importe quel mouvement de foule yankee, ou en différé la plupart de leurs séries télévisées. C’est en général affligeant. En Europe, ce sont les vaches qui ont souffert en son temps d’un ramollissement cérébral ; aux States, ce sont plutôt les populations qui donnent l’impression d’être meuh-meuh. Quiconque a sillonné l’Amérique profonde a pu constater un niveau moyen de rusticité déroutant, qui contraste vivement avec la superbe de la première puissance mondiale et le brio intellectuel des grandes villes de la Côte-Est. Voilà pourquoi les Américains font preuve d’un pragmatisme à toute épreuve, en licenciant massivement leurs enseignants pour cause de disette budgétaire : ça ne sert à rien d’éduquer des mouflets bouchés à l’émeri. Autant claquer ses sous à fabriquer des bombinettes ou des toxines financières, histoire d’empoisonner la vie des innombrables barbares qui n’ont pas le privilège d’être Américains.

Mais au moins sait-on désormais pourquoi les fils de l’Oncle Sam faiblissent du yaourt. Figurez-vous que c’est à cause des mouches, moustiques, cafards et autres bestioles qui pourrissent la vie du pékin. Ou plus exactement, à cause des pesticides et insecticides utilisés pour les foudroyer. Plusieurs études viennent au même moment le confirmer : l’exposition prénatale aux produits organophosphorés – comme le chlorpyrifos, un insecticide longtemps utilisé et désormais interdit à l’usage domestique – aurait pour conséquence d’abaisser très sensiblement le QI des enfants concernés, selon les tests menés lorsqu’ils atteignent l’âge de sept ans. Au-delà, plus rien n’y fait : ils sont condamnés à devenir des crétins adultes et mal élevés. Voilà sans doute pourquoi les Américains se montrent de plus en plus sensibles aux questions écologiques, après avoir été longtemps hermétiques à de telles préoccupations. Et les Européens, qui détestent tout autant les insectes, viennent de faire un pas de géant dans la lutte contre l’abêtissement généralisé qui leur pendait au nez : la réglementation autorise désormais le commerce du purin d’orties, un engrais et un insecticide naturels à l’efficacité redoutable. Mais à l’odeur épouvantable – et c’est peu dire. On sait désormais comment choisir son maraîcher : celui chez qui ça sent le plus mauvais.

La recette du jour

Engrais neuronal

Vous souhaitez que vos enfants développent leur intelligence et leur culture, sans avoir à leur imposer une discipline militaire. C’est facile. Donnez-leur le choix : ou bien aller à l’école, ou bien répandre le purin d’orties dans votre potager. Ils iront en classe avec enthousiasme plutôt que de supporter la pestilence de votre engrais. Et privés de chlorpyrifos, ils s’épargneront un QI de courtilière.

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