Chômage : traitement (...)

Chômage : traitement par inversion

Une sombre malédiction semblait avoir frappé le marché français de l’emploi. Et puis en août, le miracle : des cohortes entières de chômeurs ont disparu des écrans radar. Une divine surprise alors que l’activité du pays ne semblait pas s’être emballée pendant la même période. Evidemment, les éternels grincheux ont dénoncé une manipulation statistique, puisque le nombre de chômeurs radiés des listes se révèle anormalement élevé. Il est pourtant peu probable que l’embellie soit imputable à un quelconque bidouillage. Le phénomène n’a rien d’exceptionnel, car chez nous, les vacances du mois d’août sont sacrées. Que l’on ait ou non un emploi, dans le privé, dans le public ou au gouvernement. Comme les autres, les chômeurs ont droit à leurs vacances. Et allez donc trouver un bureau de Pôle emploi sur les plages d’Acapulco ou sur les flancs de l’Annapurna. La performance du mois d’août résulte tout simplement d’un biais statistique : il faudrait à l’avenir renoncer à collecter les données pendant l’été, et tout rentrera dans l’ordre.

Les commentateurs ergotent d’autant plus sur le sujet qu’ils ont à l’esprit la promesse présidentielle d’« inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année ». On saluera ici la prudence élyséenne : c’est la courbe qui doit s’inverser. L’exercice est beaucoup plus aisé que de retourner le chômage. Voilà qui nous ramène au douloureux souvenir de l’inversion en mathématiques, une transformation géométrique qui a fait transpirer quantité de lycéens (dont le billettiste). Dans cette application bijective, l’image d’un cercle passant par le pôle d’inversion est une droite. Transposée à l’espace politique euclidien, l’inversion est une transformation beaucoup plus intéressante : l’image attristante d’un gouvernement, qui tourne en rond sur le problème du chômage, se transforme en une droite victorieuse passant par Pôle emploi – traçant ainsi une route droite dont la pente est forte (la pente est égale à la dérivée raffarinienne). Soyons rigoureux : tout cela n’enlève rien aux qualités du super-plan gouvernemental de lutte contre le chômage. Car il faut se rappeler le théorème : « L’ensemble constitué par les hyperplans est stable par inversion ». En d’autres termes, un super-plan demeure un super-plan, même en dehors de la trêve estivale. Et l’inversion étant une application bijective, un super-bobard demeure un super-bobard.

La recette du jour

L’inversion au quotidien

Vous êtes affligé de tous les maux de la création : le business est en panne, votre couple vacille, les enfants sont insupportables et les impôts vous étrillent. Traitez chacun de ces problèmes par inversion : vous serez étonné de l’image qui résulte de la transformation. Si ça ne marche pas, décidez que chaque mois de l’année est un mois d’août. Celui où les citrouilles se transforment toujours en carrosse.

deconnecte