Cicadelle dans la citadel

Cicadelle dans la citadelle

Cochonnerie de Scaphoideus titanus. C’est un insecte suceur – une cicadelle - qui véhicule le phytoplasme, la bactérie responsable de la flavescence dorée, cette maladie dégénérative du cep que redoutent les vignerons. La bestiole est originaire d’Amérique ; elle a été importée au début du siècle dernier, avec les greffons qui ont permis le repeuplement de nos vignobles décimés par le phylloxera. Pour échapper aux ravages de la peste, nous avons hérité du choléra. Cette flavescence dorée, très invasive, figure sur la liste noire des « maladies de quarantaine ». Lesquelles imposent des procédures strictes aux vignerons : l’arrachage des ceps contaminés, voire de la parcelle entière si 30% d’entre eux sont atteints. Et dans certaines régions, le traitement préventif est obligatoire. Au moyen de pesticides chimiques, bien entendu, faute d’avoir découvert un vaccin compatible avec les exigences de l’agriculture biologique. Pour s’être volontairement soustrait à ses obligations, un vigneron bio de Bourgogne vient – logiquement – d’être condamné par le Tribunal. A une amende qui ne ruinera pas son compte d’exploitation. Seulement voilà : le non-respect de la réglementation n’étant pas dissuasif, il est permis de se demander comment vont réagir les viticulteurs bourguignons. Affaire à suivre.

L’absence de traitement préventif sur quelques parcelles isolées expose-t-elle les voisins à la maladie, bien qu’ils aient répandu les pesticides ad hoc ? On l’ignore. Encore que le risque existe probablement. Sans quoi, suppose-t-on, le traitement n’aurait pas été rendu obligatoire. C’est un peu la même chose, quand vous êtes Premier ministre, pour la culture d’un gouvernement : si vous implantez quelques ministres écolos, vous être quasiment assuré d’avoir des problèmes. Soit ils ne défendent pas leurs principes, et l’opinion jugera que leur présence est cosmétique. Vous passerez alors pour un sépulcre blanchi. Soit ils s’accrochent à leurs convictions, et ils contesteront tout recours à la chimie politique, sans laquelle il est pourtant impossible de gérer un pays sous le régime productiviste dominant. De guerre lasse, vous finirez par être obligé de pulvériser un insecticide anti-écolo. Vous aurez alors la réponse à cette question lancinante : les Verts sont-ils plus empoisonnants quand ils sont au Gouvernement ou dans l’Opposition ?

La recette du jour

Ecolo mais pas trop

Vous êtes politicien et à ce titre attentif à la sensibilité bio de vos électeurs. Inutile, toutefois, de prendre des risques excessifs : le pékin moyen est favorable à toute politique écolo, tant qu’elle ne lui inflige pas des dommages collatéraux. Par exemple, il serait furieux si la flavescence dorée le privait de ses Chablis et de ses Meursault préférés.

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