Compètes en cinq sets

Compètes en cinq sets

Que voulez-vous, le scénario se reproduit régulièrement : la terre de Roland Garros est une surface éprouvante, surtout quand la météo s’en mêle et vient alourdir le terrain. Si bien que les premiers tours déciment quelques éminentes têtes de série, pourtant équipées d’un V8 biturbo et d’une solide expérience de la compète à très haut niveau. Voilà qui permet de mettre en valeur de jeunes prodiges, qui lâchent chacun de leurs coups comme si leur vie en dépendait. Et avec un peu de baraka, d’aucuns parviennent à détrôner l’aristocratie régnante.
Que voulez-vous, le scénario ne cesse de se développer depuis plusieurs années : la terre judiciaire américaine est une jungle terrifiante. De multiples banques européennes se sont déjà pris de méchantes raclées et certaines ont dû abandonner définitivement la compétition. Voilà maintenant qu’un grand établissement français est menacé d’une amende de 10 milliards de dollars, pour s’être engagé en tournoi sur des terres interdites par l’Oncle Sam. Mais il en est ainsi sur le circuit du grand schlem financier : si vous mettez un arbitre américain sur la chaise, c’est le règlement yankee qui s’applique, n’importe où sur la planète et partout ailleurs dans l’Univers. L’arbitraire est un privilège revendiqué par la plus grande démocratie du monde.

Que voulez-vous, le scénario est classique en matière électorale : ce ne sont pas toujours les têtes de série qui raflent la mise. Car les règles du jeu sont complexes et mouvantes. Il en résulte que les deux premiers au classement ATP, supposés seuls concurrents pour le titre de président de la Commission, pourraient tous deux perdre leurs chances avant la fin du match. Le Luxembourgeois menait largement face à son adversaire allemand - 2 sets à zéro, 4-1 et service à suivre après le scrutin européen. Mais voilà qu’il est menacé de claquage : l’Anglais Cameron a copieusement arrosé le court et l’Allemande Merkel a effacé les lignes. Il en résulte que le père Junker s’épuise sous le poids de ses handicaps : son âge avancé, sa rouerie politicienne et ses velléités fédéralistes, autant de tares considérées jusqu’à ce jour comme des atouts majeurs. Si bien que sur un court annexe, on a vu s’échauffer le Français Barnier, crédité in extremis d’une wild card pour le tournoi. Doté d’un élégant revers à une main et d’une volée tranchante, il pourrait bien créer la surprise en évinçant les têtes de série. Selon quoi, dans la compétition politique, la partie n’est jamais jouée avant le dernier jeu du cinquième set.

La recette du jour

L’expérience du crocodile

Vous avez longtemps bataillé sur la brique pilée sans vous faire un nom dans le tennis. Ne désespérez pas. Votre endurance de crocodile, votre expérience de la glisse, votre talent pour pourrir le jeu et votre maîtrise de l’amortie rétro sont un capital précieux. Vous pouvez désormais concourir pour de hautes charges dans l’Union. Et sans forcer, planter des aces à vos concurrents pendant cinq ans.

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