Contes de Noël

Contes de Noël

C’est chouette Noël, non ? Un zéphyr d’allégresse se répand sur la planète entière et même les mécréants sont illuminés par la naissance du Sauveur. Un sentiment général de béatitude qui transforme la morne réalité en un conte de fées : à l’approche de Noël, toutes les citrouilles se transforment en carrosse. Voyez par exemple notre pote Ben Bernanke, le patron de la Banque centrale américaine, qui s’apprête à boucler ses valises pour une retraite bien méritée. Il vient d’annoncer que la FED distribuera désormais moins de cadeaux, et pourtant les marchés financiers se sont envolés. Les Boursiers avaient-ils trop picolé ? Pas vraiment : ils ont bien enregistré le contenu subliminal du message. Ben leur a dit : ayez foi dans les capacités inépuisables des Etats-Unis et la Banque centrale continuera de vous distribuer des indulgences. Vous l’avez compris : le « resserrement » de la politique monétaire américaine est totalement factice. Les robinets de l’illusion restent grand ouverts et Wall Street va pouvoir continuer de s’abreuver au bol de punch. En d’autres termes, l’arbre de la Bourse cache la forêt des désillusions.

En Europe, nos autorités étaient pressées d’expédier les affaires courantes pour aller décorer le sapin familial. C’est pourquoi elles ont bricolé à la hâte une usine à gaz baptisée « union bancaire », supposée prévenir ou résoudre toute crise financière à venir dans la Zone. Ce serait, nous dit-on, une avancée remarquable dans la sécurisation du système bancaire, dans le renforcement de l’euro et la préservation des ratons laveurs. A l’examen, le dispositif en question témoigne surtout de la défiance généralisée au sein de l’Union, qui anesthésie la solidarité et renforce le réflexe du chacun-pour-soi. Telle qu’elle a été ébauchée, l’union bancaire ne disposera pas de moyens crédibles avant les calendes grecques – lesquelles ont plutôt mauvaise réputation en ce moment. Et pour déclencher une intervention en cas de sinistre, il sera nécessaire de réunir pléthore de comités de pompiers avant d’attaquer le brasier. Bref, le système fonctionnera très bien tant qu’il n’y aura pas de pépin. Pour prévenir les embarras, on suggère au futur Parlement européen d’instaurer un climat de confiance par la loi : il suffirait de fêter Noël une fois par trimestre pour rendre permanent le sentiment présent de douce hébétude. Et accessoirement doper l’industrie déclinante du sapin.

La recette du jour

Sapin de Pavlov

Vous observez avec plaisir que vos enfants deviennent de plus en plus affectueux, travailleurs et obéissants, au fur et à mesure que Noël se rapproche. Pour maintenir cet état de grâce, plantez un sapin dans votre jardin. Vous le décorerez dès que vos mouflets redeviendront normaux, c’est-à-dire cossards, insolents et turbulents : vous aurez inventé le Noël de Pavlov.

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