De l'eau dans le gaz

De l’eau dans le gaz

Si vous avez cru à un poisson, il vous reste sans doute une arête en travers de la gorge : le prix du gaz a bien été majoré de 5.2% au 1er avril. Mais pour vous consoler, vous aurez droit à un poisson de juillet avec une nouvelle augmentation prévisible de 7.5%. Cela sur le tarif dit « réglementé », bien sûr, celui qui concerne encore la plus grande partie des abonnés du gaz. Car malgré la privatisation de l’énergie, l’Etat – dans un élan de grande sagesse – a conservé une minorité de blocage dans GDF-Suez. Ce qui lui a permis de maintenir le principe de tarifs administrés, c’est-à-dire soumis à la décision du gouvernement. Enfin, sous un angle purement formel : pour être franc, c’est la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) qui délivre un avis contraignant à toute requête tarifaire émanant de GDF-Suez. Et l’avis de la CRE est lui-même contraint par l’application d’une formule déjà fixée par décret (2009-1603 du 18/12/2009, pour les curieux). Si bien que le « tarif administré » est en réalité un tarif automatisé.

Quels sont les paramètres de l’équation ? A hauteur de 55%, c’est la moyenne des cours du fioul à Rotterdam pendant les six mois précédant le mois en cours. Une façon de lisser les variations du prix de la matière première (le prix du gaz est directement indexé sur celui des produits pétroliers). A hauteur de 30% entrent les coûts de réseaux, fixés par la CRE : le seul domaine d’indexation qui autorise « l’administration » tarifaire, c’est-à-dire l’arbitraire politique. Le solde relève des coûts supportés par les fournisseurs, sous leur propre autorité. Si bien que dans la fixation du tarif, la CRE ne détermine que le montant du (chiche) pourboire. On comprend dans ce contexte que le ministre concerné ait pu annoncer la hausse à venir en juillet : pour l’essentiel, les éléments de calcul sont déjà connus. Et il s’émeut légitimement de son impact sur le pouvoir d’achat (21% de hausse en un an). En foi de quoi suggère-t-il de changer de thermomètre. Car la formule actuelle donnerait trop d’importance au « prix à long terme » (6 mois : une éternité à l’aune ministérielle !). Il va donc réfléchir à une formule qui permettrait de faire baisser le tarif quand le prix du gaz baisse, et à le stabiliser quand le prix monte. Un tarif totalement administré et principalement virtuel, en somme. Comme autrefois. Sauf à monter une nouvelle usine à gaz, il n’y a pour cela qu’une solution : nationaliser intégralement GDF. Il est gonflé à l’hélium, notre Ministre…

La recette du jour

L’énergie du verbe

Vous êtes harassé par les majorations incessantes et prohibitives de l’essence, du gaz et de l’électricité. Vous pouvez décider de circuler à cheval, de vous éclairer à la bougie et de laver votre lessive à la main. Ou bien de vous faire nommer ministre de l’énergie créatrice. Déclarez alors que la vie est trop chère. Vous n’y changerez rien, mas les gens vont bien se marrer. Ce sera toujours ça de gagné.

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