Decote du manager mâle

Decote du manager mâle

Connaissez-vous Tomas Chamorro-Premuzic ? Non, non : il n’a pas fait 27 ans de prison, ni présidé l’Afrique du Sud. Ce n’est pas une raison pour l’ignorer, même si vous n’avez pas fait vos études à l’University College de Londres où ce professeur américain enseigne la psychologie. Ce sont moins ses talents d’enseignant que sa verve de polémiste qui vont lui conférer un regain de notoriété. Car sur un blog de la prestigieuse Business Harvard Review, Tomas pose cette question iconoclaste : «  Pourquoi tant d’hommes incompétents deviennent-ils managers ? ». Parce que, dit-il, nous sommes généralement enclins à confondre confiance en soi et compétence. Nous sommes spontanément attirés par les individus pétris d’hybris, l’orgueil démesuré que l’on repère à la suffisance et à la morgue, et ce par une sorte de transfert freudien de notre propre narcissisme. Nous attribuons du charme et du charisme à des Brutus nombrilistes aux chevilles surdimensionnées. Autant de tares dans la vie courante que nous jugeons indispensables à un vrai leader. Autant de caractéristiques typiquement masculines qui génèrent leur contingent de dirigeants narcissiques ou machiavéliques, leur lot de psychopathes ou d’histrions. Et finalement, des échecs cuisants, tant dans le monde de la politique que dans celui de l’entreprise.

Selon Chamorro-Premuzic, la gent féminine produirait des élites mieux immunisées contre l’hybris ; les femmes inspireraient plus facilement le respect et la loyauté à leur entourage, communiqueraient plus efficacement sur leur vision stratégique, emporteraient plus aisément l’adhésion de leurs troupes, choisiraient des voies plus flexibles et plus créatives dans la résolution des problèmes. Elles seraient plus perméables à l’écoute, plus consensuelles ; en un mot, considérablement plus humbles que leurs homologues mâles. Une façon, pour le psychologue, de dénoncer une fois de plus la confusion ordinaire entre management et exercice du pouvoir, qui favorise l’organisation pyramidale des firmes et entretient les stratégies guerrières – en interne comme sur les marchés. Pas étonnant, donc, que des cadres dirigeants soient séduits par les stages mis en place par… l’armée française. Les hommes ne sont pas les seuls à y participer. Mais apparemment, les femmes sont un peu moins séduites par le modèle de management distillé à Saint-Cyr…

La recette du jour

Le bagage du manager

Votre fille ambitionne de faire carrière dans le business et de diriger une grande entreprise. Choisissez ses livres de chevet (L’Art de la guerre de Sun Tzu ; De la guerre de Clausewitz ; La Guerre des Gaules de Jules César et Le Prince de Machiavel). Inscrivez-la à Saint-Cyr. Une telle formation ne vaut pas un clou pour le management. Mais elle lui sera utile pour squeezer les concurrents mâles dans son ascension professionnelle.

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