Des paris risqués

Des paris risqués

Enfin une bonne nouvelle par ces temps orageux. Elle concerne tout investisseur qui regrette d’avoir raté la vente aux enchères du « Pink star », le plus gros diamant rose sans défaut du monde. Cette pierre magnifique de près de 60 carats a été récemment adjugée à Genève, pour la bagatelle de 76,3 millions de francs (62,6 millions d’euros, pour ceux qui n’ont pas l’habitude d’acheter leurs chocolats en Suisse). Seulement voilà : bien que notoirement connu sur la place new-yorkaise, l’acquéreur n’a pas pu réunir le magot nécessaire pour solder ses emplettes. Un incident rare et plutôt choquant dans ce milieu, mais finalement pas si exceptionnel : les deux plus grosses ventes précédentes s’étaient, elles-aussi, soldées par le défaut de paiement de l’enchérisseur. On ne sait ce qu’il faut en déduire, en ces temps où les grosses fortunes n’ont cessé de prospérer, au point que leurs titulaires ne savent plus quoi faire de leur argent. Mais c’est une opportunité pour le pékin, qui se demande comment protéger ses petites économies en ces temps incertains : il suffit de faire une proposition convenable à Sotheby’s, qui s’était porté garant de la vente. Et se retrouve donc propriétaire du caillou. Ce serait un cadeau apprécié pour la prochaine Fête des Mères. Et probablement un placement prometteur.

S’agissant de cadeaux, on est désolé de parler d’argent. Mais tout, aujourd’hui, se ramène à cette question. Même le verdict d’une Cour d’assises : un bookmaker britannique vient de proposer de parier sur l’issue du procès Pistorius, ce sportif sud-africain accusé d’avoir définitivement handicapé sa petite amie de quatre balles dans le buffet. Même les Anglais sont choqués par tant de vulgarité. Ils préfèrent parier sur l’issue du match Russie contre reste du monde, dans l’affaire ukrainienne qui électrise les Bourses. Hier, les parieurs occidentaux ont accordé une grosse cote aux Etats-Unis et à l’UE, qui ensemble ont promis jusqu’à 3 milliards de dollars de… prêts, à un pays qui a besoin de 35 milliards de dons pour ne pas sombrer. Un pourboire assorti d’un ultimatum cinglant à Moscou, qui a dû terrifier les huiles du Kremlin. Les milieux financiers ont apparemment apprécié cette diplomatie de l’esbroufe et de la verroterie. Et ricané face à la menace russe de provoquer « un krach du système financier américain », en cas de sanctions occidentales. Cette éventualité ne doit pourtant pas être prise à la légère, vu que ledit système est déjà bien gangrené, et que la City londonienne en constitue le maillon faible : elle est très engagée dans la finance russe. D’aucuns préfèrent dire qu’elle est « mouillée », ce qui est probablement plus proche de la réalité.

Le conseil du jour

Bourse : la méthode Amschel

En matière d’argent, on peut faire confiance à la stratégie de ceux qui ont durablement réussi. Les Rothschild, par exemple. Amschel, le fondateur de la banque, agiota avec succès pendant les campagnes napoléoniennes. On lui prête cette formule : « Nous avons fait fortune, car nous avons toujours vendu trop tôt ». Il semble que la méthode soit toujours d’actualité.

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