Eclaircie conjoncturelle

Eclaircie conjoncturelle

Enfin de bonnes nouvelles. On les doit à l’Insee qui vient de publier son Point de conjoncture : «  L’éclaircie se confirme ». Il est donc permis d’engraisser la dinde de Noël sans arrière-pensées : notre PIB devrait progresser sur le dernier trimestre (+0,4%), après avoir lanterné le trimestre précédent. Si bien que la performance de l’année sera positive (+0,2%). Fin de la récession. Bon, d’accord, ce n’est pas encore Byzance, mais la tendance est encourageante et il ne serait pas raisonnable de bouder son plaisir. D’ailleurs, le pouvoir d’achat des ménages aura bien progressé cette année, même si vous ne vous en êtes pas vraiment rendu compte. Et la situation de l’emploi s’améliore d’un chouïa – à tout le moins cesse de se dégrader : la courbe du chômage ne sera pas tout-à-fait « inversée », mais elle fera le gros dos. Voilà donc des informations rafraîchissantes : la hausse des impôts devrait s’en trouver ralentie. Enfin, au moins devrait-elle subir un (petit) coup de frein.

Evidemment, chacun se pose la même question : les prévisions de l’Insee sont-elles fiables ? Eh bien, figurez-vous, elles le sont davantage que le consensus – la moyenne des pronostics des organismes spécialisés –, avec tout de même un « biais d’optimisme » systématique. Elles sont d’autant plus fiables que leur horizon est court, et Noël approche à grands pas. Nos statisticiens ont toutefois beaucoup insisté, dans cette note, sur les incertitudes qui entachent la précision de leurs anticipations. Dans la Zone euro, le rythme de la reprise est jugé « incertain ». C’est le moins que l’on puisse dire, au vu des résultats chaotiques des trimestres passés. Et puis la visibilité n’est pas vraiment optimale aux Etats-Unis, tant pour la politique budgétaire que pour la politique monétaire. En témoignent les errements actuels du Congrès et les hésitations de Bernanke. Enfin, les économies émergentes sont méchamment exposées aux fluctuations de leurs propres monnaies, au gré des oukases de la FED américaine. Il en résulte que la prévision de l’Insee, la moyenne de performance attendue pour le trimestre en cours, mérite un complément d’information : l’écart-type. Il n’est pas expressément renseigné dans la note mais peut se déduire du graphique de fin. Il en résulte que selon la distribution d’une loi normale (la fameuse courbe en cloche), la croissance du 4ème trimestre sera comprise entre (environ) +0,2% et +0,6% avec une probabilité de 68,2%, et entre 0% et +0,8% avec une probabilité de 95,4%. Les valeurs sortant de cette fourchette relèvent du « cygne noir » : l’événement improbable, mais pas impossible, qui ridiculise vos équations. Croisons les doigts pour que la migration de ces volatiles soit achevée.

La recette du jour

Dinde truffée

Vous étalonnez votre train de vie à l’aune des prévisions officielles de l’Insee. Réjouissez-vous d’avoir gagné cette année 0,5% de pouvoir d’achat. N’épargnez pas votre boni pour ne pas compromettre la croissance. Offrez-vous plutôt 100 grammes de truffe pour agrémenter la dinde de Noël. Ce n’est pas suffisant pour la rendre mangeable, mais ça impressionnera votre belle-mère.

deconnecte