Ecolo, ma non troppo

Ecolo, ma non troppo

Un Salon de l’Automobile reflète toujours les grandes tendances de la société. Même si bon nombre des « concept-cars » présentés ne seront jamais produits en série, ils témoignent des attentes secrètes du pékin. Lequel continue d’être fasciné par les belles bagnoles puissantes, rapides et luxueuses, mais craint de passer pour un gougnafier de pollueur en se pavanant au volant d’une berline gourmande en carburant et crachoteuse de tombereaux de CO2. Le Salon de Genève fait cette année la part belle aux petites citadines légères, confortables et économes, dotées de petits moteurs thermiques d’une sobriété de chameau, ou exploitant l’énergie électrique, que cette dernière provienne d’accumulateurs (plus performants, mais encore limités) ou d’une pile à hydrogène. Il semble que les constructeurs français aient fait sensation sur le segment des citadines « vertes » - ou presque vertes. Voilà qui devrait encourager nos ministres à faire un stage prolongé dans les usines automobiles françaises : elles parviennent, elles, à faire fonctionner la machine avec un budget raisonnable. Et sans trop polluer le quotidien de leurs contemporains.

C’est que nos constructeurs sont attentifs à la réglementation européenne. Laquelle leur impose, à l’échéance 2020, de limiter l’émission de CO2 à 95g par kilomètre, en moyenne. C’est-à-dire beaucoup moins que l’antique Solex que vous enfourchez pour aller au marché le dimanche. Convenons que l’industrie automobile tout entière, en ce comprise l’américaine, se montre sensible à une moindre consommation de carburant. Il n’empêche que les vedettes du Salon de Genève ne figurent pas parmi les plus parcimonieuses. En témoigne le diaporama que nous offre le quotidien Les Echos : une brochette de Lamborghini, Maserati, Jaguar et autres Bentley, des petites merveilles techniques et esthétiques, mais d’authentiques gouffres à benzine qui explosent les normes convenables d’émission de CO2. Heureusement pour eux, les propriétaires de ces bolides pourront trouver des arguments convaincants pour mettre en doute la responsabilité du gaz carbonique dans le réchauffement climatique. Ils pourront même se déclarer écolos convaincus, en phase avec le Canadien Patrick Moore->http://www.express.be/joker/fr/plat...] – l’un des fondateurs du mouvement Greenpeace (dont il a démissionné quand le mouvement est, selon lui, « devenu plus intéressé par la politique que par la science »). Moore continue de clamer que rien ne vient démontrer la responsabilité des émissions anthropiques dans le réchauffement. Et de toute façon, que « les températures plus chaudes sont préférables à la plupart des espèces que les températures plus froides ». Merci, Patrick, d’effacer la mauvaise conscience du billettiste, qui lorgnait avec concupiscence le galbe de la dernière Bentley Continental.

La recette du jour

Haro sur la berline berlinoise

Vous appréciez de pouvoir conserver longtemps votre véhicule automobile. Votre sens de l’économie vous honore, mais vous devez renoncer aux grosses cylindrées berlinoises. Car dans quelques années, l’écotaxe vous coûtera aussi cher qu’une bagnole neuve. A moins qu’un froid polaire ne soit, d’ici là, venu calmer les ardeurs des réchauffistes.

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