En avant la musique...

En avant la musique...

Qui a dit que les élites politiques ne se renouvellent pas ? Voyez en Haïti : un chanteur de charme vient d’écraser une candidate au CV blindé (juriste distinguée, épouse d’un ex-président éphémère). Le triomphe de l’espérance sur l’expérience, comme le disait Samuel Johnson à propos du remariage. Ce nouveau Président, fraîchement débarqué de Floride, prétend qu’il ne connaît pas la musique en politique. Voilà qui est vraisemblable. Mais il devrait pouvoir apprendre assez vite la partition haïtienne, qui ne comporte ni demi-mesure, ni bémol aux ambitions de ses dirigeants. Car ledit Martelly, plus connu au box-office sous le pseudo de Sweet Micky, trimballe des casseroles judiciaires dans son orchestre. Et la crise des subprime l’aurait décavé des quelques immeubles qu’il possédait aux States. Echappera-t-il à la tentation de se refaire une santé financière aux commandes d’Haïti ? Tous les espoirs sont permis. La suite aux prochains épisodes.

Le renouvellement commence également à affleurer dans nos contrées. En Irlande, par exemple. Dont le gouvernement vient de se doter d’un nouveau ministre des Affaires européennes. En la personne fort accorte de Lucinda Creighton, tout juste trentenaire, interviewée ce jour par le quotidien suisse Le Temps. Au moment même où se tient à Bruxelles une réunion des ministres des Finances, qui auront à débattre du cas de l’Irlande. Laquelle exige un coup de rabot sur l’intérêt de ses emprunts, mais refuse de majorer le taux de l’impôt sur les sociétés applicable chez elle. Des conditions qui font de ce pays un mini-paradis fiscal pour les firmes multinationales. La belle Lucinda se montre plus déterminée que tous ses prédécesseurs réunis. Et affiche sans complexes une cynique fraîcheur : puisque son pays sauve la mise au système financier européen en faisant échapper ses propres banques au défaut de paiement (24 milliards de nouvelles injections), l’Union n’a d’autre issue que de lui témoigner sa « solidarité ». Dublin tient Bruxelles par… la barbichette (pour rester poli). « Nous passons la facture aux contribuables irlandais. C’est une décision courageuse » affirme sans ciller la jouvencelle. On se sait comment ses compatriotes salueront le « courage » de ses nouveaux dirigeants. Ils ont récemment débarqué les anciens pour leur coûteuse bienveillance à l’égard de la finance. Les remplaçants en rajoutent une louche, et ils assument crânement la tonte de leurs ouailles. Décidément, en musique comme en politique, les jeunes générations ont un sens plutôt atypique de l’harmonie…

La recette du jour

Timbale anxiolytique

Vous êtes stressé par la dureté des temps. Avez-vous oublié que la musique adoucit les mœurs ? Exhumez du grenier la timbale avec laquelle vous avez, adolescent, torturé le tympan de vos parents. Elle n’a que deux notes, mais c’est aujourd’hui suffisant pour composer une symphonie. Jouez jusqu’à ce que vos voisins vous apaisent d’un uppercut majeur.

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