Football et orthodoxie

Football et orthodoxie

Nombreux sont les commentateurs des questions géopolitiques à faire de l’Iran le prochain détonateur d’une explosion au Moyen-Orient. Il faut reconnaître que les Perses modernes ont hérité la fierté, la bravoure et le goût de la provocation de leurs ancêtres, ceux qui combattirent inlassablement les Mèdes. Il faut reconnaître aussi que le gouvernement de Téhéran, soumis à une orthodoxie religieuse très stricte, génère au sein de sa population les foyers d’une exaspération aussi virulente que la haine officielle à l’égard d’Israël et de ses soutiens occidentaux. Il faut reconnaître enfin que dans la confusion qui caractérise la politique internationale des temps présents, avec une mention spéciale à l’Amérique d’Obama pour son absence totale de cohérence, sa pratique ordinaire du mensonge et sa diplomatie systématique du canon, dans cet environnement confusionnel, donc, la tentation est lancinante de planquer sous le tapis d’un conflit apocalyptique l’évidence de l’impuissance crasse des dirigeants face aux désordres du monde. Ce ne serait pas la première fois que la guerre deviendrait l’exutoire des rancœurs grandissantes de sociétés en crise, et le moyen de relancer, par la destruction à grande échelle, des économies à bout de souffle après des décennies d’errements, d’outrance et de pillage.

Si bien que sous ce climat de sensibilités exacerbées, on doit créditer d’un poids significatif l’incident grotesque qui afflige les relations de l’Iran avec… la Fédération internationale de football. Au sujet de la tenue vestimentaire arborée par l’équipe féminine iranienne, dans ses matches de qualification pour les Jeux olympiques de l’année prochaine : bas de survêtement et maillot intégral, foulard enserrant la chevelure, le tout très seyant selon l’avis non autorisé du billettiste. Ladite tenue constituerait une infraction manifeste au texte fondateur des compétitions de la FIFA, comme délivrant un message religieux subliminal et non libidinal. N’étant pas spécialiste de l’exégèse coranique, on ne peut préjuger de la licéité du football féminin en regard des textes sacrés. Mais l’on s’étonne que le Coran interdise aux femmes la conduite automobile et les autorise à se donner en spectacle sur un rectangle engazonné, poussant une balle du pied. On s’étonne enfin que les autorités de la FIFA se comportent comme des imams bornés, avec une interprétation intégriste de leurs textes fondateurs. Bref, de part et d’autre, tout concourt à monter en épingle un événement d’une insignifiance remarquable. Qui sifflera l’arrêt de ce jeu affligeant et dangereux ?

La recette du jour

L’esprit et la lettre

Vous êtes dirigeant sportif et soucieux de préserver votre label de coubertinisme patenté. Prohibez les drapeaux dans les stades car ils sont une offense à la citoyenneté mondiale. Interdisez aux athlètes de lever les yeux au ciel ou de se signer après avoir marqué un point, car c’est une atteinte à la laïcité du sport. Si vous n’y parvenez pas, imposez les compétitions à huis clos. Et priez pour que le public ne vous crucifie pas trop tôt.

deconnecte