Goldman Sachs sur le (...)

Goldman Sachs sur le gril

On potine beaucoup à Wall Street, ces jours-ci. Au sujet de Lloyd Blankfein, patron-vedette de Goldman Sachs, la star incontestée des banques d’affaires. Ledit Lloyd aurait en effet, sous le sceau de la confidence, avoué à deux amis qu’il prendrait volontiers sa retraite d’ici la fin de l’année. La crise financière l’aurait beaucoup fatigué, le pauvre chou, ce que l’on comprend volontiers. Même s’il n’est pas le seul dans ce cas : d’autres que lui ont été éreintés et pas mal d’entre eux ont même été ruinés. Pas Blankfein : son conseil d’administration a accepté de tripler son salaire de base, qui fait toutefois figure de pourboire face à ses bonus et stock-options de « gagnant de la crise ». La première morale de cette histoire, c’est que l’on ne doit pas faire de confidences à ses amis lorsqu’on est le premier banquier de la planète : les amis s’empressent de les revendre au premier venu. La deuxième morale, c’est que lorsqu’on est ami avec le premier banquier de la planète, on doit comprendre que ses confidences sont nécessairement destinées à être divulguées : un banquier sait bien que personne, aux States, n’est capable de garder un secret sans tenter de le monnayer – lui-même, dont c’est le métier, n’y étant jamais parvenu. En foi de quoi les confidences en cause pourraient bien ne pas être complètement innocentes.

Innocent, Blankfein ne l’est pas. Pas au sens figuré, en tout cas. C’est un manager de grosse cylindrée, comme les aiment les Américains : un guerrier à la tripe d’acier. Un mélange d’Attila pour la stratégie et de pithécanthrope pour l’éthique. Si bien que son innocence au premier degré, il va lui falloir la démontrer. Car une commission du Sénat a touillé le marigot bancaire des subprime : il en résulte un pavé de 635 pages, un best of de pratiques nauséeuses – notamment celles de Goldman Sachs – qui ont déclenché des haut-le-cœur chez les honorables parlementaires, pourtant dotés d’un estomac à toute épreuve. Ainsi Blankfein se trouve-t-il exposé à des risques judiciaires graves. Paradoxalement, ce ne sont pas ses odieuses bidouilles qui lui sont reprochées. Mais Lloyd a commis un grave impair : il a travesti la réalité devant la commission sénatoriale. Il aurait même, sous la foi du serment, proféré des mensonges éhontés. Aux Etats-Unis, dépouiller ses contemporains est une méthode honorable pour faire fortune, pour peu que l’on dispose de bons avocats. Mais le parjure est impardonnable. Et sévèrement sanctionné. Si bien que Blankfein pourrait prendre prochainement une retraite méritée et rejoindre Madoff dans une geôle de l’Etat fédéral. Car si l’on veut sauver la sulfureuse Goldman Sachs, il faudra sacrifier le général Lloyd. Dura lex…

La recette du jour

Martingale Lloyd Ponzi

Vous avez découvert assez tôt le potentiel inépuisable de la martingale de Ponzi, mais vous tenez Bernard Madoff pour un amateur et un petit-bras. Faites-vous banquier d’affaires et ne lésinez pas sur les honoraires de vos avocats. Quand une commission parlementaire vous auditionnera, surtout ne mentez pas. Les élus en ont entendu d’autres : ils vous absoudront de vos crapuleries légales.

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