Grèce : conseil de discipl

Grèce : conseil de discipline

Lorsque les enfants reviennent de l’école avec une note « B », ils sont rarement privés de dessert. Sauf lorsque leurs parents sont des hystériques de l’excellence, et exigent de leur progéniture des résultats qu’ils n’ont eux-mêmes jamais atteints. Mais lorsqu’un Etat se voit infliger la même note pour la qualité de sa dette, ses ressortissants sont menacés d’être privés de fromage, de dessert et de plat principal. Car le « B » caractérise une signature « hautement spéculative », celle du cancre qui s’incruste au fond de la classe près du radiateur et dont on n’attend plus de lui qu’il commette le délit d’indiscipline justifiant son renvoi définitif. L’agence S&P vient d’infliger un B infâmant à la Grèce, une note « sous surveillance négative », c’est-à- dire que le notateur n’attend d’Athènes aucune perspective de rédemption. A ce stade, ni les cours supplémentaires, ni le soutien psychologique, ni les prières ferventes n’y changeront rien : l’élève est condamné à un statut de « bon à rien » avant de gagner celui de délinquant et d’être noté par les tribunaux.

On comprend que le Ministre grec des Finances s’insurge contre la rigueur de l’Agence, accusée de lui attribuer une banane avant même que son devoir ait été rédigé. Autrefois accusés de bienveillance criminelle et de cécité stipendiée, sur la base d’arguments recevables, les notateurs essuient maintenant une volée de bois vert pour une sévérité jugée intégriste. Le même type de débat que celui qui secoue sporadiquement l’Education nationale, au sujet du bien fondé de l’échelle de notation : indispensable pour étalonner le niveau, selon les uns, décourageante pour les plus faibles, selon les autres. Et la similitude ne s’arrête pas là. Si les agences de notation avaient toujours respecté scrupuleusement leurs obligations de rigueur, aucun des Etats « Club Med » ne serait aujourd’hui en situation désespérée. Car leur note « objective » leur aurait imposé des taux d’intérêt suffisamment élevés pour limiter à temps leur endettement. Au stade actuel, il est parfaitement exact qu’aucun soutien scolaire ne pourra plus ramener les cancres à un niveau acceptable : l’indulgence passée des notateurs, coupable et sans doute délibérée, les condamne désormais à la relégation. Avec un dommage collatéral de taille : ce laxisme a tiré vers le bas le niveau moyen de la classe. Les meilleures notes sont aujourd’hui accordées à des borgnes au royaume des aveugles, des bacheliers qui jadis n’eussent pas décroché leur certificat d’études. On se s’étonnera donc pas de la prolifération des benêts, qu’en matière financière on appelle des insolvables.

La recette du jour

La foire aux cancres

Vous êtes désespéré par l’inappétence de vos mouflets à l’égard des études. Les leçons particulières que vous leur infligez ne changent pas la donne. Réunissez régulièrement les camarades de classe de vos enfants ; encouragez-les à la futilité permanente ; cultivez la médiocrité intellectuelle ; faites-les chanter tout l’été. Vos enfants ne seront pas plus cultivés, mais les autres ne vaudront pas mieux.

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