Indépendance gravitationne

Indépendance gravitationnelle

Voilà, l’affaire est entendue : on l’attendait depuis 13,8 milliards d’années, et les astrophysiciens de Cambridge (Etats-Unis) l’ont fait. La thèse du Big Bang vient d’être validée, grâce à l’observation des ondes gravitationnelles qu’aurait produites le grand boum primordial. Cela fait maintenant deux jours que la communauté scientifique se tape une nouba de tous les diables pour célébrer l’événement. Pour autant, n’est toujours pas réglée la question de savoir si l’Univers est promis à une expansion infinie ou si cette dernière ralentit pour cesser un jour prochain, et lointain, avant de s’inverser en une formidable contraction, le Big Crunch. Lequel provoquerait in fine une nouvelle explosion, le tout constituant une sorte de respiration cosmique. Ne comptez pas sur le billettiste pour avancer un avis éclairé sur la question : il demeure complètement hermétique au niveau d’abstraction que côtoient les astrophysiciens. Et attend avec impatience le jour où l’un d’entre eux parviendra à le familiariser avec la notion d’espace-temps.

D’un point de vue strictement esthétique, on serait plutôt attiré par le modèle expansion-contraction. C’est celui sur lequel fonctionnent les sociétés humaines, comme soumises à des lois spécifiques de la gravitation. L’Histoire est émaillée de la constitution d’empires immenses, par agrégation de territoires réunis sous la forte attraction des armes et de la fureur guerrière, ou de la séduction roublarde. On le sait : la nature géopolitique a horreur du vide. Puis, après avoir atteint un taux d’expansion appelé densité critique, ces pachydermes géographiques se disloquent en une myriade de planètes indépendantes. Qui seront ensuite attirées dans un nouveau champ gravitationnel, et rebelote. Peut-être sommes-nous entrés dans une phase de l’espace-temps social que les spécialistes n’ont pas encore théorisée. Une phase qui mêle le Bang et le Crunch et que l’on pourrait qualifier de Big Bazar. Des territoires soumis à des forces d’attraction faibles finissent par s’agglutiner à un amas plus consistant, comme la Crimée. D’autres, fermement arrimés à des constellations réputées stables, cherchent à quitter leur orbite. Voyez par exemple l’Ecosse, qui va tenter de fuir la Voie Lactée britannique. Ou la Catalogne, qui manifeste une exaspération sidérale contre l’attraction de Madrid. Ou encore la Flandre, qui accepterait de payer une petite fortune pour que les Wallons leur lâchent les baskets. C’est maintenant au tour des Vénitiens de réclamer le retour à une République millénaire dont Napoléon abrogea l’indépendance gravitationnelle. Avis aux hérétiques qui défient les lois de l’attraction officielle : de graves sanctions les menacent. Plus de visas pour les planètes voisines. Et plus d’accès aux pépètes planquées dans les paradis intergalactiques.

La recette du jour

Education astrophysicienne

Vos jeunes ados revendiquent leur indépendance au nom du droit universel à l’autodétermination. En préalable à toute négociation, bloquez leur compte en Suisse. Ils n’en seront pas moins grincheux, mais ils réfléchiront à deux fois avant d’abandonner votre champ gravitationnel.

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