L'Amérique découvre l'Histo

L’Amérique découvre l’Histoire

Il ne faut pas désespérer de l’espèce humaine. Et faire confiance au potentiel inépuisable de l’intelligence de ses membres – de certains d’entre eux, à tout le moins. Voyez par exemple les Etats-Unis, qui portent haut les couleurs de la morale rigoureuse, de la vertu politicienne, de la subtilité intellectuelle et de l’excellence scientifique. Un modèle pour nous autres Européens, pauvres pécheurs et crétins patentés. Eh bien, les Américains viennent de faire une découverte considérable, grâce à une étude commanditée par la Nasa. Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle planète, mais de notre bonne vieille Terre. Figurez-vous que la civilisation occidentale serait menacée d’effondrement à brève échéance. Comment les honorables chercheurs sont-ils parvenus à une analyse aussi stupéfiante ? Le site de la RTBF vous le donne en mille : ils ont utilisé « un mode de recherche original : les enseignements de l’Histoire ». Incroyablement révolutionnaire, n’est-ce pas ? Les chercheurs yankees viennent de réinventer la roue des sciences sociales, et découvrent avec gourmandise qu’avant l’Amérique étoilée, il a existé d’autres puissants empires. Celui des Incas et celui des Romains, par exemple, qui ont tous deux fini par se crasher en beauté. Le poète français avait pourtant prévenu : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles
 ».

Mais le plus « original » de l’étude, c’est d’avoir identifié les causes historiques du déclin d’un empire. Notamment le déséquilibre entre les ressources disponibles et les besoins des populations. Tant par l’effet de la rareté relative desdites ressources – eau, produits agricoles, énergie - que par leur répartition très inégalitaire. Avec un zeste d’influence climatique pour rester dans l’air du temps, car l’Inca Rascar Capac et le Romain Néron étaient tous deux obsédés par le feu – et donc gros pollueurs en CO2. Loin de nous l’idée de brocarder la démarche et les conclusions de la Nasa : tout cela est frappé au coin du bon sens. Tout au plus voudrait-on rappeler à l’industrie de la recherche US que l’Europe a depuis longtemps alerté le monde entier sur les risques de la surconsommation, de la destruction de l’environnement et des inégalités économiques. Mais avec la méthodologie hollywoodienne de l’Oncle Sam, un problème ne commence à exister que lorsque l’Amérique l’a énoncé. Le déclin de l’Empire étoilé devient ainsi un marché porteur aux States. On doit donc s’attendre à une avalanche de prospectives catastrophistes (et pas nécessairement absurdes). Car si le phare américain cesse d’éclairer le monde, nul doute que notre espèce perdra sa civilisation raffinée pour sombrer dans la barbarie.

La recette du jour

Science avec conscience

Vous venez de découvrir que l’espèce humaine existait avant vous et que les Anciens ont commis autant de bévues catastrophiques que nos contemporains. Ne cherchez plus : vous êtes Américain. Repentez-vous bien vite et faites pénitence, avant que votre civilisation ne s’abîme dans les poubelles de l’Histoire.

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