L'Education en déroute

L’Education en déroute

Si vous ne connaissiez pas encore le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, autrement dénommé PISA par l’acronyme anglais, vous n’avez pas fini d’en découvrir les rouages. Le sujet est promis à un flot de commentaires. Ce système d’évaluation des systèmes éducatifs vise à comparer les performances des élèves à la fin du cycle de scolarité obligatoire (à l’âge de 15-16 ans). Au travers d’une batterie de tests réalisés tous les trois ans, chacune ayant une dominante : la lecture, les mathématiques et les sciences. L’objectif est moins de mesurer le savoir acquis que l’aptitude à exploiter les connaissances dans la vie quotidienne, ce que les Américains appellent literacy – qui a donné le néologisme litéracie dans notre langue. Cette approche est très intéressante, car elle permet de mesurer comment les jeunes gens exploitent, dans la vie courante, le savoir qui leur a été inoculé pendant le cycle de base de leur cursus scolaire. Les résultats de l’étude de 2012 – axée sur les mathématiques - viennent d’être publiés : notre pays a récolté une banane et continue de régresser dans le classement mondial. Le niveau baisse méchamment, venant confirmer le sentiment de bon nombre de gamins scolarisés, selon lequel « l’école ne sert à rien ».

Au travers de quelques exemples des questions posées dans le dernier test, on peut mesurer l’étendue des inquiétudes : tous les problèmes se résument à la résolution d’une équation du premier degré à une inconnue – une technique basique, totalement maîtrisée dès les premières classes du cycle secondaire. Les résultats pitoyables obtenus par nos mouflets démontrent que beaucoup d’entre eux sont incapables de traduire le texte du problème dans la langue mathématique appropriée. Ils connaissent le vocabulaire et la grammaire des maths, mais ignorent tout de la syntaxe. Ils ont appris le dictionnaire mathématique par cœur mais ne sont pas fichus de construire une phrase. Ainsi, notre pays continue de produire quelques brillants esprits dans les sciences et les lettres, mais les jeunes sont de plus en plus nombreux à buter sur des exercices élémentaires du quotidien : rendre la monnaie ou remplir un formulaire administratif. Pour une nation comme la nôtre qui s’est illustrée avec les Lumières, et qui investit une petite fortune dans l’Education, c’est plutôt décevant de constater que les populations se crétinisent pour une simple défaillance méthodologique. Manifestement, les enfants ne comprennent pas à quoi sert ce qu’ils apprennent. A se demander si les maîtres savent à quoi sert ce qu’ils enseignent.

La recette du jour

Méthode éducative

Vous redoutez que l’Ecole fasse de vos enfants de grands benêts. Prenez les devants. Imposez-leur un exercice de calcul mental avant de leur allouer l’argent de poche. S’ils échouent, supprimez la dotation. Exigez d’eux un exposé des motifs cohérent pour justifier une demande de sortie : s’ils échouent, enfermez-les dans leur chambre. Vos mouflets vont vous conspuer. Mais ils ont une chance de devenir Polytechniciens.

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