l'Europe en chansons

l’Europe en chansons

Le mois de mai n’est pas seulement celui du muguet. C’est une période de l’année apparemment propice à toutes sortes de scrutins, au point que l’on s’y perd un peu ce matin. Voyez par exemple cette gigantesque consultation européenne, qui vient de faire émerger une écrasante majorité pour l’indépendance de l’Autriche. Et pour le rattachement de Conchita/Conchito à Vladimir – contre l’avis de la population russe, qui tient les femmes à barbe pour inconstitutionnelles. Enfin, voilà en tout cas ce que le billettiste a retenu de l’actualité du jour, sans être certain d’avoir parfaitement compris les salamalecs des dépêches d’agences. Si bien que l’on a en tête, comme une ritournelle, le couplet final du Mariage de Figaro : « Or, Messieurs la comédie/Que l’on juge en cet instant,/Sauf erreur, nous peint la vie/Du bon peuple qui l’entend./Qu’on l’opprime, il peste, il crie,/Il s’agite en cent façons,/Tout finit par des chansons... ». Vous l’ignoriez sans doute, mais Beaumarchais est le vrai père de l’Eurovision.

Au milieu de ce concert, les Ukrainiens de l’Est ont donc joué leur propre partition. Et organisé un referendum, par avance annoncé comme illégal par tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. C’est que nous en connaissons un rayon sur le sujet, nous autres : nous savons comment organiser un referendum légal, et comment ignorer légalement le résultat lorsqu’il n’est pas conforme aux attentes. Tandis que les Ukrainiens de l’Est sont très en retard sur l’évolution du droit constitutionnel, et ils continuent de s’accrocher aux vieilles lunes du « droit à l’autodétermination ». N’importe quoi. De vrais ploucs. Il n’empêche que pour « illégal » qu’il soit, ce scrutin devrait marquer une nouvelle étape dans l’escalade vers la chienlit. Et une confusion accrue dans les pays légalistes et de parfaite bonne foi, comme le nôtre, qui défendent des positions indéfendables aux conséquences imprévisibles – et potentiellement désastreuses. D’autant que les opinions publiques des pays occidentaux commencent à douter du bien-fondé de la stratégie de leurs dirigeants. Même les Américains tordent le nez en découvrant que quelques centaines de leurs mercenaires prêtent main forte au pouvoir de Kiev, mis en place par un putsch rigoureusement légal. Il faut une sacrée dose d’optimisme pour penser que tout cela finira par des chansons…

La recette du jour

Perseverare diabolicum

Vous vous êtes engagés dans un conflit sur la base d’arguments complètement faussaires. Poursuivez sans faiblir votre stratégie. Mais n’oubliez pas d’échafauder un plan B : il sera bien utile à votre salut, quand vos troupes menaceront de se retourner contre vous.

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