L’Europe végétarienne

On a ce matin une pensée émue pour les Britanniques – une fois n’est pas coutume. Ils sont désormais exposés aux ravages de la malnutrition, si l’on en croit les résultats de ce sondage récent : près d’un tiers d’entre eux déclarent vouloir renoncer aux plats préparés. L’ennui, c’est qu’ils sont plus nombreux encore à avoir renoncé depuis longtemps à cuisiner quoi que ce soit. Les voilà condamnés à se gaver de porridge à tous les repas : un tel régime les rendra moins constipés, convenons-en. Mais il leur infligera des carences alimentaires redoutables, qui affecteront nécessairement leur développement cérébral : les gibies risquent de devenir les minus habens de l’Europe. Seule la corporation des bookmakers semble se réjouir de la situation présente : il est question d’organiser de nouveaux paris. Sur les courses équestres de lasagnes équines, une compétition qui se développe dans les travées engazonnées des supermarchés.

Plus grave encore pour l’avenir de la Communauté, nos voisins d’Outre-Manche sont majoritairement favorables à la prohibition de tout produit carné importé. On leur fera aimablement remarquer que les bidouillages culinaires auxquels ils sont exposés ne mettent pas leur santé en danger : la viande de cheval est comestible. Et apparemment savoureuse : la preuve, ils n’ont jusqu’à ce jour vu que du feu dans la substitution (comme les autres consommateurs européens, du reste). En revanche, on voudrait leur rappeler qu’ils sont à l’origine de l’épisode douloureux de la « vache folle », à cause des bovins irlandais qui passaient leur vie à s’enfariner les naseaux. Avant de condamner la tambouille de nos industries, ils feraient mieux de contrôler la pitance de leurs étables. Et peut-être de vérifier la composition du fish de leur fish and chips. Si ça se trouve, il y aura bientôt autant de cheval dans leur poisson que dans nos raviolis à la bolognaise. Vu que la Commission, dans un nouvel accès d’encéphalite réglementaire, vient d’autoriser l’usage des farines animales dans l’aquaculture. Avec les grosses légumes de Bruxelles, on va finir par bouffer notre chapeau.

La recette du jour

Cuisine des restes

Vous êtes légitimement curieux des secrets de fabrication de vos plats cuisinés. Ne cherchez pas trop loin la recette des lasagnes : si le cheval a remplacé le bœuf, c’est à cause de sa saveur plus prononcée. Afin de masquer le goût des pâtes, désormais fabriquées avec la selle de cheval. Et les bottes usagées des palefreniers.