L'ONU ensablée

L’ONU ensablée

Il en a de la chance, le « peuple libyen ». Tout le monde se penche sur son bien-être et ses aspirations profondes. Le Colonel Kadhafi poursuit avec assiduité les insurgés qui troublent l’ordre public – ce qui est incontestable – et nuisent au confort popote de son peuple qui l’aimerait au point de « mourir pour lui ». La preuve : de nombreux sacrifices sont déjà attestés. Les rebelles entendent au contraire libérer les populations du joug d’un père tyrannique, qui abuse de son patriarcat en imposant une discipline de fer et en faisant main-basse sur le patrimoine familial. Apparemment, c’est moins la férocité du Leader que sa lésine qui pose problème. En foi de quoi la révolution en cours semble bien destinée à modifier la répartition de la galette plus qu’à instaurer une démocratie élective, qui comblerait d’aise les Libyens légitimement épris de liberté, d’égalité, de fraternité et de beurre de chamelle dans ses épinards du désert.

Voilà donc que le grand arbitre de la justice de ce monde vient de siffler une pénalité contre le Colonel. Sous la pression insistante de la France, dont Kadhafi accuse le Président d’être plus fou que lui – un diagnostic d’expert, mais non remboursé par la Sécu. Se trouve ainsi légitimée l’intervention extérieure, pour l’instant pudiquement camouflée sous l’instauration d’une « no fly zone ». La mêlée qui va s’ensuivre promet de générer de graves dommages collatéraux. Pour avoir gentiment laissé pourrir la situation libyenne pendant un demi-siècle, sous les arguments boutiquiers ordinaires, la « communauté internationale » s’expose désormais à de graves dissensions. Susceptibles de se régler à la matraque. Déjà en Europe, l’Allemagne n’a pas caché sa ferme opposition à toute intervention armée. La Russie et la Chine se sont abstenues avec froideur lors du vote de la résolution à l’ONU. Bref, les germes d’une empoignade généralisée fleurissent à grandes brassées. Faute d’avoir adopté dans le calme la patiente stratégie de pression que suggérait le climat libyen, la gendarmerie de la planète se voit contrainte d’adopter la mauvaise réponse au mauvais moment. Déjà critiquable dans la gestion d’une entreprise, la politique « des flux tendus » est explosive dans les relations internationales. La diplomatie du juste-à-temps apporte certes des réponses. Mais pas les bonnes. Et toujours trop tard.

La recette du jour

Chasse au chien enragé

Votre chien de chasse est manifestement timbré mais se montre d’une efficacité redoutable pour traquer le gibier. Tant qu’il n’a dépecé que ses congénères, vous vous êtes montré indulgent à l’égard de ses frasques. Maintenant qu’il s’attaque à vos propres mollets, sa rage n’est plus supportable. Obtenez de la SPA l’autorisation d’organiser une battue et faites-lui la peau.

deconnecte