La bouffe au coffre

La bouffe au coffre

Il ne manquait plus que ça : nous sommes menacés de pénurie. Non, pas de pétrole. Enfin, pas tout de suite : nous n’avons pas encore totalement dévasté les fonds marins où croupissent des gisements. Ni transformé tous nos sous-sols en purée toxique, par la magie de la fracturation hydraulique. Non, nous ne manquons pas davantage d’idées. De bonnes idées, s’entend. Surtout en France, depuis que les grands patrons de la planète ont dîné à l’Elysée : ils vont maintenant précipiter leurs investissements sur notre sol. On risque plutôt la surchauffe, dans une cinquantaine d’années. En vérité, la pénurie qui nous guette est bien plus préoccupante : il s’agit du cacao. Figurez vous que les pays émergents se mettent à boulotter autant de pralines que la Belgique. Et les paysans qui pouponnent les cacaoyers, las de se faire dépouiller par les négociants de fèves, préfèrent se consacrer à des cultures moins exigeantes et plus rentables. Comme celle du palmier à huile, par exemple, cette même huile que les industriels ajoutent… au chocolat. Résultat, les cours du cacao ont gagné près de 40% depuis un an, ce qui promet de rendre bientôt prohibitives les petites douceurs chocolatées. Avec quelques dommages collatéraux prévisibles pour les épargnants aventureux, tentés par la spéculation sur cette matière première, comme les y encouragent certaines publications totalement désintéressées.

Reste la solution d’entreposer au coffre ses tablettes de chocolat, en surveillant quand même la DLC – la saveur s’altère dans le temps, contrairement aux havanes. A moins que l’industrie ne parvienne à remplacer le cacao par des produits moins coûteux et plus stables. Le tout assaisonné d’un arôme chocolat. Cette hypothèse n’est en rien absurde, vu que les Américains viennent d’inventer une recette complètement révolutionnaire. Il s’agit d’une pizza quasiment inaltérable, que vous pouvez laisser sur votre coin de table pendant trois ans, sans qu’elle se transforme en tas de moisissures. C’est vachement pratique : plus besoin de faire ses courses chaque semaine au supermarché. En fait, cette pizza indestructible est destinée aux GI’s, qui seraient psychologiquement délabrés par la consommation massive de corned beef – on les comprend, les pauvres chéris. Or, la pizza est le plat dont rêvent tous les soldats américains en campagne. On suppose que vous aimeriez connaître la recette. Elle est top secret, mais le billettiste peut la dévoiler : un peu de farine, enrobée d’une gangue de sucre et de sel. Infect ? Probablement. Diététiquement abominable ? Sans aucun doute. Mais vous pouvez stocker la pizza pendant trois ans sous votre oreiller. Essayez donc la même chose avec un hamburger…

La recette du jour

Fromage ou dessert

Vous êtes chaque jour incité à éviter le gaspillage alimentaire. La solution : conservez vos restes dans le sucre et le sel. Oui, ce sont des produits dangereux pour la santé. Mais c’est fromage ou dessert : ou bien vous risquez l’hypertension et l’obésité, ou bien vous faites des économies. C’est à vous de voir.

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