Le lifting du Charles-de-

Le lifting du Charles-de-Gaulle

Ce n’est pas facile d’être une puissance militaire respectée. A tout le moins, les places sur le podium sont chères. Certes, les quelques pays qui disposent de la bombinette jouissent d’un avantage comparatif remarquable : une arme supposée dissuader quiconque de leur chercher des poux dans la tête. Mais bon, s’agissant d’un dernier recours aux conséquences terrifiques, mieux vaut pouvoir aligner des moyens un peu plus conventionnels, notamment pour se castagner loin de chez soi en vue de soutenir des Etats amis, ou anéantir les empêcheurs-de-dominer-en-rond qui revendiquent la souveraineté sur leur propre territoire. Ou qui projettent d’annexer leurs voisins pour toutes sortes de raisons, généralement indéfendables. Ainsi donc, l’aura militaire requiert une flotte aérienne significative et suffisamment de pistes d’envol pour intervenir n’importe où. L’idéal, ce sont les porte-avions, qui circulent librement dans les eaux internationales : les Etats-Unis en ont 10 en service, soit dix fois plus que n’importe quel autre pays. Dont le nôtre, qui a cédé le Foch au Brésil et envoyé le Clémenceau à la casse – après seulement 35 ans de service. Nous reste donc le Charles-de-Gaulle, un tarmac flottant à propulsion nucléaire, qui réclame autant de soins qu’une Formule 1 pour demeurer opérationnel.

Notre unique porte-avions passe ainsi autant de temps en réparations qu’en service - en période normale. Et après un septennat d’activité, il réclame une grosse révision de 18 mois, qui coûte un bras. Tel sera le cas entre 2016 et 2018, où la Défense nationale se retrouvera au chômage technique, abandonnant ainsi la politique internationale aux mains exclusives du Quai d’Orsay. Par un hasard du calendrier, les élections présidentielles auront lieu exactement pendant cette période. Si bien que le futur président débutera son mandat sous la seule protection des diplomates, ce qui est assez téméraire. Et pendant toute la campagne, le Charles-de-Gaulle sera mis au rencart. Symboliquement, le père de la Vème République disparaîtra du paysage. De quoi donner des ailes aux tenants d’une VIème République toute neuve et porteuse de nouveaux espoirs. On n’ignorait pas l’importance de notre porte-avions sur la politique internationale, lorsque le bâtiment est en mer ; on n’aurait jamais soupçonné son rôle décisif, sur la politique intérieure, lorsqu’il reste à quai.

La recette du jour

Le prestige de la Marine

Vous ambitionnez pour vos enfants une grande carrière. Engagez-les dans la Marine. S’ils ont du talent, ils pourront commander le porte-avions national. C’est le poste le plus prestigieux, tant au niveau international que sur la scène intérieure. Et le job offre six mois de vacances par an.

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