La terreur du poireau

La terreur du poireau

Savez-vous ce que demanderait aujourd’hui le Petit Prince à son auteur ? « Dessine-moi un poireau ». Car nos bambins ont déjà vu pour de vrai quantité de choses et de créatures, imaginaires ou depuis longtemps disparues. Ils n’ignorent rien des dinosaures, de Peter Pan, des Muppets ou des extraterrestres, confondant ainsi allègrement ce qui relève de la réalité et de la fiction. Avec des avantages collatéraux substantiels : quand ils grandiront, ils sauront déjà qu’un gouvernement se compose de marionnettes télévisées, ce qui leur épargnera bien des désillusions. En attendant, alors que la tendance écolo submerge les parents les plus matérialistes, une étude récente vient révéler une ignorance infantile redoutable dans le domaine alimentaire. Il est vrai que les mouflets passent moins de temps à manger qu’à regarder la télé, mais tout de même : une fraction importante d’entre eux se révèle incapable d’identifier un poireau ou une courgette. Et la plupart confondent la betterave avec du crottin de brontosaure, alors que les cantines scolaires leur en servent régulièrement en petits cubes soigneusement millimétrés.

Etonnant ? Pas vraiment. Le sondage confirme ce que chacun savait déjà : les mamans contemporaines sont championnes de la popote au micro-ondes. Ce pourquoi aucun bambin n’ignore que le cheval est un minerai que l’on extrait des lasagnes en barquettes, dans les profondeurs des supermarchés. On se souvient de temps anciens où l’opinion s’émut que les enfants dessinassent un poisson sous la forme d’un carré pané. Ils ont depuis lors fait d’énormes progrès : en masse, ils découvrent stupéfaits que les frites et les chips sont issues de la pomme de terre. Et n’arrivent pas à croire que le jambon soit un morceau de cochon ni que le steak haché provienne du dépiautage bovin. Nous non plus, on n’y croit pas vraiment, mais c’est comme pour le Père Noël : on fait semblant. En tout cas, nous voilà rassurés : l’industrie agroalimentaire peut encore progresser dans la production de brouets improbables mais joliment conditionnés, car les enfants en redemandent. Vous verrez que dans un futur proche, ils resteront de marbre à l’apparition d’un monstre intergalactique mais seront terrorisés devant un légume. Plus question de les menacer d’un ogre ou d’une sorcière : « Mange ta soupe ou j’appelle le poireau !  ».

La recette du jour

Education gastronomique

Vous êtes attentif à l’équilibre alimentaire de votre progéniture et vous avez compris pourquoi ils vous disent « j’aime pas » quand vous leur servez des légumes : ils sont terrorisés. Prenez les ingrédients que vous voulez mais réduisez-les en pavés ronds ou carrés, toujours identiques. Vous éviterez ainsi de traumatiser les enfants et vous les préparerez efficacement à leur avenir gastronomique.

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