Le baromètre de l’Ecureuil

Les Français n’ont quasiment rien engrangé sur leur Livret A au mois d’août. La collecte nette était tout juste positive, alors qu’elle approchait les 2 milliards un an plus tôt. Il faut reconnaître que la rémunération venait tout juste d’être abaissée : par dépit, d’aucuns ont sans doute préféré claquer leurs sous en vacances plutôt que de les confier, presque à l’œil, à l’Ecureuil. Pour autant, la propension à l’épargne ne se ralentit pas vraiment : depuis le début de l’année, la cagnotte du Livret A s’est globalement accrue de plus de 15 milliards. Ce qui témoigne d’un sens affûté de l’anticipation de la part de nos concitoyens : quand l’épargne de précaution s’accroît, alors que les revenus stagnent voire régressent, c’est que les gens s’attendent à des lendemains difficiles, où il sera nécessaire de pomper dans les réserves. Ils n’ont pas tort, si l’on en juge à la hausse cadencée des prélèvements, promise à se poursuivre tant que le contribuable ne demandera pas grâce. Ce qui finira par arriver, lorsque ses petites économies seront prises dans les glaces de la ponction fiscale.

Pour ne rien arranger, voilà que certains météorologistes nous annoncent l’hiver le plus froid que l’on ait connu depuis un siècle. Tout ça à cause… du réchauffement climatique, qui fait fondre la calotte arctique et ainsi refroidit les océans. Il en résulte que plus la planète se réchauffera, plus il fera froid. Du moins en hiver. Et du moins en Belgique, puisque ce sont des prévisionnistes belges qui ont tiré la sonnette d’alarme – sous le scepticisme de leurs collègues mais à la grande joie des négociants de gasoil domestique, de bois de chauffage et de manteaux de fourrure. De fourrure synthétique, s’entend. Inutile de faire la peau des écureuils de votre parc d’agrément. Mieux vaut les observer attentivement : ils sont réputés pour la qualité de leurs prévisions météo à long terme. Contrairement aux grenouilles, tout juste capables d’égaler la performance de Météo-France. Si donc les écureuils viennent chouraver les noisettes de votre garde-à-manger et subtiliser les lingots que vous avez enterrés au lieu de les confier à Air France pour les mettre au frais dans votre coffre en Suisse, c’est que l’hiver sera vraiment rude. Et que les impôts dépasseront vos attentes les plus pessimistes.

La recette du jour

Animalerie fiscale

Vous êtes convaincus du caractère durable du changement climatique. Celui qui réchauffe les exigences de l’administration des impôts. Elevez des écureuils dans votre cave à charbon et confiez-leur la garde de vos lingots. Faites-en garder l’entrée par des oies empruntées au Capitole : vous serez alerté quand le fisc tentera de vous détrousser.