Le chiffre du jour

Le chiffre du jour

18 milliards. Non, ce n’est pas le nombre de voix que la majorité parlementaire escompte obtenir aux élections municipales. Sur ce terrain, la déflation continue de faire son œuvre. Non, ce n’est pas non plus le nombre de créations d’emplois : les dernières statistiques s’obstinent à maintenir la courbe dans sa tendance historique. C’est-à-dire dans le mauvais sens. Dans un cas comme dans l’autre, le Gouvernement se déclare surpris par des performances aussi médiocres. Et c’est bien là le problème : non pas d’obtenir de mauvais résultats, mais de ne pas comprendre pourquoi. Pourtant, notre pays suit la trajectoire recommandée par tous les machins technocratiques qui contrôlent le dogme de la réussite souveraine. A croire que le dogme mériterait d’être revisité. Ou que les machins brillent surtout par leur ignorance et leur mauvaise foi.

18 milliards. C’est le montant des enjeux commerciaux que le Président chinois est venu signer avec son homologue français. C’est sympa de sa part d’être venu pile poil entre les deux tours des municipales, pour ratifier des accords qui étaient déjà dans les tuyaux depuis pas mal de temps. Mais on ne saurait bouder notre plaisir pour les bonnes affaires en vue dans les industries aéronautique et automobile, dans le nucléaire et l’exploitation du gaz chinois. On se réjouit du soulagement de nos éleveurs et des espoirs de notre filière agroalimentaire : la charcuterie française va enfin pouvoir envahir l’Empire du Milieu. Voilà qui donnera du sens à la pollution systématique des nappes phréatiques par le lisier porcin : aux Chinois les saucissons, à nous les nitrates. Finalement, on ne sait plus si c’est vraiment un avantage d’accroître nos parts de marché dans le commerce international. La question se pose dans les mêmes termes pour les Etats-Unis : dans un élan de charité bien caractéristique de la générosité naturelle de l’Oncle Sam, le Président Obama vient d’offrir de nous vendre ses excédents de gaz de schiste – dont l’extraction ruine efficacement l’environnement américain. C’est sympa. Il s’agit de compenser les possibles restrictions de ventes russes, que les USA favorisent en accroissant la pression militaire de l’Otan aux frontières de l’Europe. Le monde ne change guère : la guerre et l’énergie constituent toujours deux marchés prometteurs d’énormes profits. Mais pas pour tout le monde.

La recette du jour

Plan anti-pénurie

Vous redoutez les conséquences de l’embargo sur le gaz russe et de l’exportation massive en Chine des porcs bretons. Elevez sans tarder un cochon sur votre perron. Et investissez dans un chauffage central au lisier. Pour l’éclairage, renoncez aux lumières gouvernementales : elles n’éclairent pas plus loin que le bout du nez.

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