Le jeu des 7 pétrofamilles

Le jeu des 7 pétrofamilles

Vous vous souvenez sans doute, bien que vous ne fussiez pas né à l’époque, que lorsque la locomotive électrique vit le jour, le Directeur américain des Brevets donna sa démission. Au motif qu’après une telle découverte, il n’y avait plus rien à inventer. Il avait tort, bien entendu. Depuis lors, le génie créatif de l’espèce n’a cessé de s’épanouir : il y a eu la révolution du moulin à légumes, bientôt supplanté par l’horrible purée en flocons ; les pantalons à pattes d’éléphant, bientôt vaincus par un sursaut inespéré de sens du ridicule ; puis les feuilletons américains, les jeux vidéo, les nuggets, le téléphone mobile et Facebook, le tout pour achever d’asservir l’humanité au culte de l’inutile et du vulgaire. Mais il serait injuste de négliger l’une des inventions les plus extravagantes du sapiens sapiens  : le potentat pétrolier. Désormais en voie de disparition, il serait légitime de lui rendre un dernier hommage.

On suggère donc aux esprits inventifs de fabriquer un nouveau jeu de société, qui réunisse les quelques dynasties ayant crapuleusement exploité les richesses naturelles de leur pays, ainsi que les populations vivant au-dessus. Ce serait le jeu des 7 pétrofamilles : « dans la famille Ben Ali, je demande le premier fils de la deuxième épouse ». Il faudrait souvent piocher, car rares sont les membres de ces tribus que l’on ait envie de conserver. Le perdant : celui qui aurait la guigne au point de réunir la famille Kadhafi au complet. Avoir le père dans son jeu, c’est déjà calamiteux. Mais chacun de ses huit enfants ferait un bon personnage d’Halloween. L’un d’entre eux se fit connaître à Paris en dévalant les Champs Elysées à 140 à l’heure, en sens interdit et saoul comme un cochon haram ; on le retrouva plus tard dans une geôle genevoise, après qu’il eut bastonné son valet de pied. Charmant garçon. L’aîné, passant pour la colombe politique de la famille, s’est récemment distingué en promettant aux manifestants de les mitrailler jusqu’au dernier. Un homme délicieux, vraiment. Et l’avant-dernier, la trentaine déjà entamée, poursuit d’interminables études universitaires en Bavière. Principalement au volant de sa Ferrari. Laquelle ne brisera plus le tympan des autochtones : Al-Arab Kadhafi vient de mettre les voiles. En laissant une ardoise de près d’un million d’euros à ses créanciers locaux. Il faut bien que jeunesse se passe… Notre grand-père avait raison : avant de juger un homme, il faut observer la façon dont il élève ses enfants. On ne voudrait pas trop charger Mouammar, mais avec les siens, il n’a pas vraiment assuré…

La recette du jour

Education à la libyenne

Vous avez hérité de la pierre philosophale. Pas par testament, mais par coup d’Etat. Abusez jusqu’à la dernière extrémité de vos richesses et de votre pouvoir. Si votre progéniture se révèle ignare, cupide, sanguinaire et ingrate, bannissez-la et justifiez-vous en paraphrasant Marx (Groucho) : « Je ne voudrais pas faire partie d’une famille qui accepte un père tel que moi ».

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