Le ministre banane (...)

Le ministre banane ses profs

Nous voici revenus aux débats sur l’Education qui ont enflammé la France post-soixante-huitarde. En particulier, la question de l’évaluation des élèves : la traditionnelle notation sur 20 fut alors dénoncée comme traumatisante. Ce serait par sadisme que le prof colle une banane à un devoir misérable ou à un oral pitoyable. Tel est semble-t-il le sentiment de notre ministre de l’Education nationale, qui remet la question sur le tapis contre l’avis des multiples organisme supposés l’accompagner dans ses réflexions. Il faut bien trouver des boucs émissaires à la détérioration manifeste de notre système éducatif, tel qu’il apparaît dans la fameuse enquête PISA régulièrement menée par l’OCDE. Laquelle vient de publier le rapport Talis sur l’enseignement et l’apprentissage dans 34 pays : il en ressort que nos profs affichent une solide compétence dans leur discipline, mais sont insuffisamment formés à leur métier, peu et mal évalués, déconsidérés, et finalement maigrement payés par rapport à leurs homologues étrangers. Pas étonnant que le recrutement devienne problématique, alors que le pays compte des cohortes de chômeurs bardés de diplômes. De fait, s’il fallait désigner un responsable à notre marasme éducatif, ce serait le ministère lui-même plutôt que le corps enseignant.

Le sujet est d’autant plus embarrassant que la France consacre des sommes rondelettes à l’Education. Si bien qu’en ces temps impécunieux, pourrait surgir la tentation de renoncer au principe de l’Ecole laïque, obligatoire et gratuite, qui honore notre démocratie. Mais il faut reconnaître que bien des jeunes bénéficiaires du système, ainsi que leurs parents, ne sont ni conscients ni reconnaissants de la générosité collective en la matière. Pas étonnant, dès lors que notre société valorise mieux les footeux que les Prix Nobel. En tout cas, nous ne sommes pas les seuls à être empêtrés dans les arbitrages budgétaires. Aux Etats-Unis, il est probable que les matheux du Service fédéral des statistiques aient été virés sans autre forme de procès. Et que réceptionnistes et femmes de ménage soient désormais chargés de traiter les données. Pour preuve, les chiffres du PIB américain : dans une première estimation en février, la croissance (annualisée) était étalonnée à +0,1%. Au mois de mai, elle était corrigée à -1%. Désormais, elle est arrêtée à –2,9%. Encore quelques mois de calculs et l’on apprendra que les Etats-Unis ont essuyé, au premier trimestre, la pire récession depuis l’ère glaciaire – à cause d’un hiver particulièrement rigoureux. On ne voudrait pas médire, mais vu le prix des frais d’inscription dans les universités américaines, les diplômés qui en sortent pourraient être plus performants.

La recette du jour

Vers la starisation des profs

Vos enfants sont attirés par l’enseignement et vous tentez de les en dissuader. Vous avez probablement tort. Bientôt, l’Ecole sera facultative et payante. Les familles se saigneront aux quatre veines pour offrir à leur progéniture un service qu’ils snobent aujourd’hui parce qu’il est gratuit. Les profs seront alors respectés, choyés et grassement payés.

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