Le Parrain en sursis

Le Parrain en sursis

Il y a donc quelque chose de pourri dans l’Empire du Bien que représenteraient les Etats-Unis et leurs alliés, notamment européens, un Empire tout entier tendu vers la pacification du monde et l’instauration d’une vertueuse démocratie planétaire, porteuse des qualités virginales et insurpassables du modèle yankee. Le séisme provoqué par les écoutes tentaculaires de la NSA ne cesse de provoquer des répliques dont l’intensité menace de dépasser le choc initial. Après avoir mollement démenti les pratiques incriminées, sur le ton de «  ce n’est pas aussi grave que vous le dites », l’Agence a été admonestée par la Commission américaine du Renseignement, sous l’autorité de Dianne Feinstein – un « machin » confidentiel ayant précisément pour objet de couvrir les manigances immémoriales et les exactions ordinaires de ces services. Voilà une façon un peu téléphonée de dédouaner le président Obama, ainsi supposé avoir ignoré l’espionnite constante dont font l’objet les Chefs d’Etat alliés, « amis », voire « cousins ». Il est certain qu’en cette période de l’Histoire particulièrement chaotique, où l’imperium US ne cesse d’être bousculé et contesté, les révélations en cause ne sont guère de nature à sceller la confiance entre le suzerain et ses dociles vassaux. Du reste, l’opinion publique de ces derniers commence à trouver un peu chère, sinon ruineuse, la protection offerte par le parrain américain.

Voilà maintenant que le Directeur de l’Agence incriminée, pressentant que la Maison-Blanche a décidé de le court-circuiter pour tenter d’apaiser la crise en cours, se fend d’allégations confondantes : les informations collectées en Europe n’ont pas été volées, mais obligeamment fournies par les pays amis. Ce qui est partiellement crédible, eu égard aux accords d’« échange d’informations » arrachés par les States après les attentats du 11 septembre. La lutte contre le terrorisme justifiait que chaque Etat sacrifiât une partie du trésor de ses barbouzes. Mais pas au point de brancher les oreilles de l’Oncle Sam sur les secrets d’alcôve des dirigeants concernés. A vouloir ainsi compromettre les victimes de son impudence, sur l’argument roublard qu’elles auraient été consentantes, l’Amérique ne minimise pas l’impact du viol qu’elle a infligé à ses alliés. Au contraire. Et la litanie des actes de son inconduite n’est probablement pas close. Si l’on en croit Glenn Greenwald – sorte d’exécuteur testamentaire de l’héritage Snowden – « A lui seul, Snowden détient suffisamment d’informations pour causer plus de dommages au gouvernement américain que quiconque n’en a jamais eues dans toute l’histoire des Etats-Unis ». Le vaudeville est en train de virer au drame.

La recette du jour

Code d’honneur

Vous avez aimablement proposé à votre voisin la protection de sa résidence palatine par vos chiens de garde. Et profité de son absence pour le détrousser de sa cassette. Vous pouvez toujours arguer qu’il avait laissé sa porte ouverte et que c’est pour son bien que vous l’avez délesté. Il n’en sera pas moins courroucé. Ne vous étonnez pas s’il empoisonne vos clébards.

deconnecte