Le plein au gewürztraminer

Le plein au gewürztraminer

Ne soyez pas étonnés si vos amis qui ont choisi de faire un périple pascal dans le Bade-Wurtemberg ne sont pas encore rentrés chez eux. Il est vrai que ce land allemand présente de nombreux atouts touristiques – la Forêt Noire et le Lac de Constance, en particulier – et pas mal de tentations gastronomiques que l’on peut arroser avec les sympathiques vins locaux. Mais si l’on en croit cet article du Bild, c’est un autre motif qui aurait pu clouer les automobilistes sur place en ce dernier lundi de Pâques. Car dans la ville de Filderstadt, une station-service affichait alors le litre de super à 9.99 € ! Ce n’était ni une erreur, ni un poisson d’avril : il y avait pénurie de carburant. Momentanée, rassurez-vous : cette période de l’année correspond à la substitution de l’essence d’hiver par l’essence d’été, un carburant primeur, en quelque sorte, qui supporte mieux la hausse des températures. Or pendant la transhumance des grands week-ends de vacances, la circulation des camions-citernes est interdite. Il semble bien que malgré leur talent inégalé pour résoudre les problèmes complexes de logistique, nos voisins se soient emmêlé les pinceaux dans le calendrier pascal.

L’incident a été d’autant plus cruellement ressenti que cette région d’Allemagne est la plus prospère d’Europe ; elle concentre des fleurons industriels et notamment les firmes automobiles les plus prestigieuses du monde (Daimler, Porsche, Audi). Mais 10 euros le litre, c’est un peu cher, même pour des citoyens dorés sur tranche : mieux vaut faire le plein avec du Badisch Rotgold, cet étonnant vin rosé qui constitue l’une des curiosités locales. Au moment où les embarras financiers des pays du « Club Med » horripilent l’opinion publique teutonne, qui redoute de devoir supporter la plus grosse part de la note, toute violente hausse des prix ravive les souvenirs de l’hyperinflation de Weimar. Même chez ceux qui n’ont pas vécu cette période – et ils sont nombreux. On souhaite à nos voisins d’outre-Rhin d’être moins superstitieux que les Français. Car bien que résultant d’une conjonction de facteurs exceptionnels, cette flambée soudaine du super pourrait bien préfigurer des lendemains ordinaires. Où il sera aussi coûteux d’abreuver sa bagnole que le conducteur.

La recette du jour

Cave de printemps

Voilà un bon moment que vous n’avez pas mis un peu d’ordre dans votre cave. Ne sacrifiez pas vos flacons périmés dans le coq au vin ou la daube à la provençale : conservez-les précieusement pour faire le plein de votre limousine, quand le super sera plus cher que le trois-étoiles. Et stockez en masse du Badisch Rotgold. Vous en échangerez bientôt deux vieilles caisses contre une Porsche rutilante.

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