Le Prisme de la paranoïa

Le Prisme de la paranoïa

Souriez, vous êtes filmé, écouté, scanné, disséqué ; en d’autres termes, espionné dans tous vos actes de la vie courante. Bon, d’accord, vous le saviez déjà : cela fait maintenant pas mal de temps que l’existence du réseau Echelon a été dévoilée, un système de surveillance électronique échafaudé dès après la Deuxième guerre et qui a permis, comme vous pouvez en juger, de sécuriser grandement la planète. Mais cela ne suffisait pas à calmer la paranoïa de l’Oncle Sam : désormais, la NSA exploite le système Prism, qui collationne, en particulier, les montagnes de communications d’internautes du monde entier, notamment sur les réseaux sociaux où le pékin a pris l’habitude de se déshabiller sans retenue. Ce pourquoi il est mal fondé ensuite à déplorer que sa vie intime devienne notoire. Mais évidemment, la confidentialité des échanges strictement privés est également violée. Car selon la vision américaniste de la sécurité nationale, il importe de tout savoir sur tout un chacun afin de ne pas être pris au dépourvu, en établissant l’interconnexion entre les monstrueuses banques d’information nées de l’ère numérique, et la nuée de caméras de surveillance qui s’est abattue jusqu’en des lieux les plus improbables.

Voilà qui confère un brin de vraisemblance à la série télévisée Person of Interest, dans laquelle la « machine » d’observation détecte les actes criminels avant qu’ils ne se produisent. Dans la réalité, on doute grandement que Prism ait de telles vertus prophétiques : accumuler l’information relève aujourd’hui de la routine, pour peu que l’on y accorde les moyens appropriés. Mais traiter l’information est une autre paire de manches. Comme le relève avec pertinence dedefensa, Prism voit tout et entend tout, mais il semble bien qu’il ne comprenne rien. En foi de quoi peut-on observer la multiplication des désordres, depuis que l’espionnite est parvenue à fabriquer un Big Brother doué d’ubiquité. Dommage que ce dernier ait été, hier, absent de Roland Garros, qui compte pourtant plus de caméras au mètre carré que les couloirs du Pentagone, et plus de bodyguards qu’une escorte présidentielle. Car Prism aurait empêché qu’un olibrius dénudé, peinturluré et enfumé, n’atterrisse sur le Central au beau milieu de la finale. Encore heureux qu’il en faille davantage pour déstabiliser Nadal, sans quoi l’intrus ne serait fait méchamment lifter le portrait.

La recette du jour

Sport et bonnes manières

Votre loge à Roland Garros vous a coûté un bras. Et pourtant, des manifestants se sont permis de venir troubler votre quiétude lors de la finale. Les pouilleux envahissent le Central depuis qu’ils ont été virés du PSG. Affligeant : le tennis n’est plus ce qu’il était. Intéressez-vous au polo. Les mœurs y sont policées : même les chevaux ont appris à ne pas lâcher un pet en public.

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