Le rabot de la méduse

Le rabot de la méduse

Saletés de Pelagia noctiluca. Oui, vous les avez reconnues si vous passez vos vacances à la plage : ce sont les méduses, ces petits monstres urticants qui terrorisent le baigneur. Elles semblent proliférer à cause de la surpêche de leurs prédateurs, et elles seraient insensibles à la pollution des eaux. Autant dire que lorsque toute vie s’éteindra sur la planète, les derniers survivants pourraient bien être les méduses. D’autant qu’une espèce de ces cnidaires, la Turritopsis nutricula, fait l’objet de toute l’attention des scientifiques. Car elle serait immunisée contre l’apoptose, ce mécanisme génétique qui provoque l’autodestruction des cellules : elle se régénère en permanence. La rendant immortelle comme les Gorgones de la mythologie grecque – encore que Méduse, leur Reine, fût soumise au destin commun de la disparition programmée. Les chercheurs pourraient ainsi découvrir dans la méduse le secret de la jouvence éternelle : c’est plutôt piquant, si l’on ose dire.

Mais en attendant qu’elles nous livrent le secret de la longévité, les méduses envahissent mers et océans au détriment des poissons. Si bien que la FAO, qui nous exhortait récemment à bouffer des insectes, nous encourage désormais à cuisiner la méduse. Une pratique déjà courante dans la gastronomie asiatique, qui affectionne les mets gélatineux : salée, séchée ou bouillie, la méduse offre un apport remarquable de protéines, sans compromettre le régime minceur qui vous permet de ne pas déborder de votre maillot de bain. Une façon de passer les rondeurs disgracieuses au rabot de la méduse. A recommander également aux praticiens du ramadan, dont les effets sont jugés catastrophiques par les nutritionnistes : un jeune strict durant la journée, suivi d’agapes à la nuit tombée, ce n’est pas très bon pour l’organisme. Si bien qu’au terme de cet exercice spirituel, les mahométans ont sans doute purifié leur âme, mais leur corps se trouve lesté de quelques kilos surnuméraires. En foi de quoi la municipalité de Dubaï, soucieuse de concilier la loi coranique et les préceptes de la médecine, a cette année lancé un concours auprès de ses concitoyens : ceux qui auront réussi à perdre du poids pendant le ramadan recevront une récompense sonnante et trébuchante, payée en « Khalifa », une grosse pièce de 5 onces d’or pur. Ceux qui ont à la fois un bedon disgracieux et la bourse plate auront ainsi avantage à passer leurs vacances à Dubaï. Ils en reviendront plus minces, plus spirituels et plus opulents.

La recette du jour

Régime œcuménique

Vous avez testé de multiples régimes alimentaires sans être parvenu à convaincre la balance. Alternez un carême de 40 jours et un ramadan de 28, séparés par un Yom Kippour de 25 heures. Nourrissez-vous exclusivement de salade de méduse au jus de citron. Si vous ne maigrissez pas, c’est que vous êtes en surcharge d’agnosticisme. Repentez-vous sans tarder.

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