Le renard, l'âne et (...)

Le renard, l’âne et le cake-coco

Voilà ce qu’il en coûte de renoncer à cuisiner et de céder à la facilité des plats préparés : on ne sait plus ce que l’on mange. L’année dernière, ce sont les lasagnes au cheval qui ont défrayé la chronique en Europe. Voilà maintenant que l’Asie est touchée par la fraude : une grande chaîne américaine aurait distribué en Chine de l’ « âne aux cinq épices » contenant de la viande de renard. On s’étonne que les Chinois aient pu être choqués : ils cuisinent tout ce qui bouge, comme l’a expérimenté Paul Theroux, avec son humour coutumier, dans La Chine à petite vapeur. Mais bon, même les Anglais, dont les traditions gastronomiques sont également surprenantes, ont renoncé à la chasse au renard (« L’innommable poursuivant l’immangeable », selon Oscar Wilde) –, lequel renard ne figure dans aucune recette britannique. Pas plus que le corbeau, du reste, bien que le jeune crow soit, paraît-il, presque aussi tendre qu’une brique réfractaire. En somme, grâce aux vertus de la globalisation, nous serons bientôt contraints de boulotter des criquets, des chenilles et des fourmis rouges. Mais la consommation de certaines espèces demeure taboue, ou promet de le devenir. Comme celle du thon rouge, dont le cours vient de s’effondrer lors de la première enchère japonaise : à 220 euros le kilo, c’est encore cher pour le sushi. Mais c’est vraiment donné pour une tartine de plutonium.

Que dire alors de l’énorme production de l’industrie biscuitière ? Il faut une bonne partie de l’emballage de simples petits-beurre pour énumérer les produits qui entrent dans leur fabrication. Avec quelques surprises de taille, comme celle offerte aux clients argentins d’un grand distributeur français : le cake en rayons était supposé contenir 12g de cocaïne… Vous l’avez compris, la liste des ingrédients était l’œuvre d’un employé facétieux, qui a confondu le 1er janvier avec le 1er avril. Mais l’idée mérite d’être explorée par les biscuitiers colombiens, qui pourraient ainsi exporter plus aisément le cake-coco, une spécialité sud-américaine dont le marché mondial est très friand.

La fable du jour

Maître corbeau, sur un âne perché,

Tenait en son bec un gros cake.

Maître renard, par l’argent alléché,

Traîna tout le monde au supermarché.

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