Les amis et les fâcheux

Sans les réseaux sociaux, on se demande bien ce qui pourrait doper le PIB. Car voyez-vous, la plupart des consommateurs occidentaux ont déjà tout ce qu’il faut pour garantir leur bien-être, et même davantage. Malgré leurs inquiétudes du lendemain, ils sont conscients de n’être pas trop mal lotis par rapport aux foules qui rament encore pour assurer leur pitance quotidienne. Au point qu’ils commencent à renoncer à acheter des choses dont ils n’ont pas besoin avec l’argent qu’ils n’ont pas. A limiter le gaspillage alimentaire, par exemple : les Français déclarent qu’ils se mettent désormais à cuisiner les restes au lieu de les balancer à la poubelle. Plus de la moitié d’entre eux projettent ainsi de réduire leur budget affecté à la nourriture. Et ils iront épancher leurs angoisses métaphysiques d’opérette sur les réseaux sociaux, auprès d’« amis », principalement recrutés selon la méthode de la pyramide de Ponzi – une affaire qui s’achève toujours en eau de boudin. En attendant, les nouvelles applications dédiées auxdits réseaux constituent un business inépuisable, qui permet de rendre millionnaires de talentueux bidouilleurs informatiques.

Le principe de base, sur un réseau social, c’est d’avoir plein d’amis virtuels réunis grâce aux applications appropriées. Mais pour durer, l’amitié contemporaine suppose de se rencontrer le moins possible, voire pas du tout. En foi de quoi se développent de nouvelles applications qui sonnent l’alerte, dès qu’elles repèrent un ami à proximité de chez vous. Cela vous laisse le temps de baisser les volets, de vous barricader, de lâcher le pitbull dans le jardin et de réveiller les gardes dans les miradors. Vivement que la loi oblige à s’équiper d’une puce tous les colporteurs, les agents électoraux et les fonctionnaires du fisc, pour que l’on puisse se planquer avant leur arrivée. Voilà une invention qui devrait intéresser au premier chef le camarade Poutine, même si sa page Facebook ne comporte aucun ami déclaré. Car en ce moment, quiconque se rapproche de sa zone d’influence peut être considéré par lui comme réellement indésirable…

La recette du jour

Se protéger de ses amis

Vous avez une foule d’amis sur Facebook et vous redoutez légitimement que d’aucuns viennent vous visiter. Déménagez illico vos pénates en Crimée. Vous n’aurez pas besoin d’un logiciel espion pour empêcher les gêneurs de vous approcher.