Les bijoux de la Couronne

Les bijoux de la Couronne

Encore sept mois avant le referendum écossais sur un thème qui chatouille inlassablement l’opinion depuis 1707 : l’indépendance à l’égard du Royaume-Uni. Certes, le pays dispose déjà d’une large autonomie, récemment renforcée par la création d’un Parlement spécifique, dont le champ de souveraineté a été circonscrit par le Scotland Act de 1998. Désormais, le parti indépendantiste dispose de la majorité à l’Assemblée écossaise, et la perspective de couper le cordon ombilical avec la Couronne britannique fait son chemin dans la population : sans être encore dominant, le « oui » ne cesse de progresser dans les sondages. Au grand dam du Gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté, qui vient de brandir sa gousse d’ail face au démon indépendantiste : en cas de scission, l’Ecosse ne pourrait conserver la livre comme monnaie nationale. Pas question de s’exposer aux même déboires que ceux de la Zone euro, plaide David Cameron avec son inimitable sens de la nuance. Comme si l’Ecosse était au Royaume-Uni ce que la Grèce est à l’Europe : sans être le joyau de la Couronne, elle est une place financière de poids et dispose, au large, de généreux gisements de pétrole. La Royal Bank of Scotland est l’une des plus vieilles institutions financières d’Europe, et l’une des plus anciennes à avoir popularisé le billet de banque – John Law était Ecossais, nous autres Français ne sommes pas prêts de l’oublier…

Le dossier écossais tombe plutôt mal pour Londres, au moment où une législative partielle à Manchester révèle la montée en puissance des anti-Européens, sous la houlette du très charismatique Nigel Farage, lequel pourrit la vie de Barroso et de Van Rompuy à chaque séance du Parlement européen, en des termes qui empruntent exclusivement à la langue de bois – de bois vert, s’entend. Peut-être Cameron ne pourra-t-il pas faire l’économie d’un referendum sur le maintien ou non du Royaume dans l’UE et cette question, on s’en doute, n’est pas anecdotique pour l’avenir du pays. Et voilà qu’un nouvel incident est venu ponctuer l’érosion du trésor britannique : Dame Reding, vice-présidente de la Commission, a subi un cambriolage de sa voiture de fonction, alors qu’elle prêchait la bonne parole communautaire auprès de citoyens londoniens. Et on lui a volé son coffret à bijoux, sans trop de peine vu que le véhicule n’était pas verrouillé (elle peut faire une croix sur l’assurance). Heureusement pour elle, ses boucles d’oreille « apparaissent sur les photos du monde entier ». Ce qui devrait, selon elle, décourager quiconque de les porter. Oh, Viviane, on ne voudrait pas vous offenser, mais vous n’êtes pas la Castafiore : il y a peu de chances que « le monde entier » vous reconnaisse sur un cliché.

La morale du jour

Si la Reine d’Angleterre vous a aimablement prêté des boucles d’oreilles, ne les laissez pas traîner dans votre limousine de fonction : les chauffeurs de grande livrée deviennent négligents. Décidément, on ne peut plus se fier au petit personnel. Surtout s’il est Ecossais.

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