Les malheurs de l'Infante

Les malheurs de l’Infante

Eh bien, en ce début d’année, on dirait que la Justice a été sommée de « faire du chiffre ». Et d’aller dénicher des prévenus ailleurs que dans les banlieues statutairement crapuleuses. « Blanchiment de capitaux et fraude fiscale  », tels sont les motifs d’inculpation dont vient d’hériter Cristina, infante d’Espagne par décret paternel et peu suspecte de s’adonner à l’humour sulfureux sur les planches ibériques. C’est la France entière qui est ulcérée : les Bourbon-Anjou ont accédé pour la première fois au trône d’Espagne en 1700 avec Philippe V Le Brave, petit-fils de Louis XIV. La famille régnante doit son statut actuel à la troisième restauration de la maison Bourbon, après l’intermède horrifique de la Seconde République (1931-1939) et le purgatoire douloureux de la régence franquiste (1949-1975). Autant dire qu’inculper aujourd’hui une descendante directe du Roi Soleil, c’est exposer le pays à de graves tensions diplomatiques avec la France légitimiste. Qu’on se le dise.

De quoi se serait donc rendue coupable Cristina Federica Victoria Antonia de la Santísima Trinidad de Borbón y Grecia ? On doit ici en faire la révélation, qu’aucun organe de presse n’a jusqu’à ce jour osé publier : la faute de Cristina, c’est d’avoir épousé Iñaki Urdangarin, un roturier basque doté du seul titre de champion de handball, et promu par son mariage au rang de duc consort de Palma de Majorque. Iñaki aurait profité du prestige de son alliance pour ponctionner des fonds publics à grandes brassées. Ce n’est pas joli joli, Iñaki. L’honneur de Cristina de Borbón se trouve ainsi souillé par capillarité matrimoniale, en vertu de principes juridiques outrageusement républicains qui ne sauraient être opposables à la lignée louis-quatorzième. Car enfin, à quoi cela peut-il bien servir d’être fille de roi, si l’on doit être soumise aux mêmes règles que les enfants de la lingère ? Et devoir acquitter des impôts comme le vulgum pecus ? Il faut souhaiter que les autorités judiciaires se ressaisissent, renoncent à leur vindicte prolétarienne et relisent avec attention les vieux grimoires de la monarchie, fût-elle constitutionnelle. Le premier principe de l’ordre aristocratique, c’est que bon sang ne saurait mentir.

Les maximes du jour

« Louis XIV n’avait que du bon sens, mais il en avait beaucoup » (Sainte-Beuve)

« Juan Carlos 1er n’avait que du bon sang, mais il en a privé ses enfants » (anonyme, XXIème siècle)

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