Les mécomptes du fisc

Les mécomptes du fisc

Il y a peut-être une explication simple à l’état déplorable des finances de notre pays : Bercy ne sait pas compter. A moins que les journalistes s’emmêlent les pinceaux avec les chiffres, hypothèse que l’on ne peut évidemment pas exclure. Mais au cas d’espèce, tous auraient compris de travers la récente communication du ministre Cazeneuve concernant les « repentis » fiscaux. Avec un bel ensemble, la presse cite des données qui brillent par leur incohérence, quant au montant des redressements opérés ou espérés. On lira avec intérêt cet article des Echos, un quotidien économique apprécié pour son sérieux, pour mesurer notre perplexité. Selon le Ministre, le Trésor va récupérer le quart environ des sommes dissimulées et désormais révélées ; à ce jour, les dossiers dont l’instruction est achevée totalisent 296 millions d’actifs, sur lesquels Bercy va ponctionner… 230 millions. Avec un quart qui a la taille d’un trois-quarts, il faut craindre que notre administration fiscale perde le sens des proportions. Du reste, c’est ce que pensent bon nombre de contribuables – ceux qui perçoivent et déclarent leurs revenus en France, s’entend.

Mais d’évidence, le fisc français n’est pas le seul à s’égarer dans l’approximation, s’agissant d’évaluer la rentabilité des comptes offshore. La Grande-Bretagne a passé avec la Suisse l’accord Rubik, aux termes duquel les banques helvétiques doivent reverser au Trésor britannique un impôt forfaitaire, prélevé sur les revenus des comptes des résidents british. Londres attendait de cet « accord historique » des milliards de livres de dividendes. Comme Perrette et son pot au lait, il lui faut aujourd’hui déchanter. Les finasseries rédactionnelles de l’accord, acquises sous la pression des lobbies, ont réduit la collecte comme peau de chagrin. De petites fortunes se sont mises à l’abri de trusts ou autres fondations, qui sont, on s’en doute, épargnées par l’accord Rubik. Et donc exonérées de toute imposition. Ne sont pas non plus concernés les détenteurs de comptes qui sont résidents britanniques sans en avoir la nationalité. Voilà une information qui intéressera les évadés fiscaux français qui hésitent à se dénoncer : il suffit de se domicilier à Londres. C’est un gros sacrifice, certes, de devoir supporter les Gibies. Mais ça peut rapporter gros.

La recette du jour

La vie sans impôts

Vous êtes allergique à l’impôt sur le revenu. Vous pouvez vous soigner efficacement en résidant au Qatar, au Koweït ou en Arabie Saoudite, qui ignorent l’IR. Mais bon, il faut supporter. Vous pouvez également choisir Andorre, si vous n’êtes pas claustrophobe. Voire les Bermudes ou les Iles Caïman ; mais se baigner toute la journée ne rapporte rien. A part des coups de soleil.

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