Les panés sur le gril

Les panés sur le gril

Etes-vous un consommateur habituel de surimis, de poissons en soupe, en parmentier ou en panés ? Si vous vous reconnaissez, l’Association de consommateurs CLCV s’est penchée sur votre cas désespéré : vous devriez vous mettre à cuisiner au lieu de vous gaver de plats industriels. Lesquels vous permettent, au prétexte d’équilibrer vos menus par du poisson, de massacrer les règles élémentaires de la diététique. Autant l’avouer tout net : les panés sont un alibi pour manger des frites, sur le modèle du fish and chips des British ; les insipides surimis permettent d’avaler un seau de délicieuse mayonnaise ; la soupe de poissons trouve toute sa saveur lorsqu’elle est constellée de croûtons nappés de rouille. Et avant de passer le parmentier au four, on ne peut résister à la tentation de rajouter une couche épaisse de fromage râpé, histoire d’être certain qu’il sera bien gratiné. Bref, voilà ce que la CLCV devrait dénoncer : le consommateur français achète des produits à base de poisson afin de se donner bonne conscience lorsqu’il défie les lois de la diététique.

Au lieu de cela, l’Association agresse méchamment les industriels responsables de ces préparations. Au motif que les plats ne précisent pas de quels poissons ils sont composés, ni s’il s’agit de filets ou de broyats de chairs et d’arêtes, ni quelle est la proportion exacte de poisson dans une soupe ou un parmentier. Convenons que les pratiques de l’industrie agro-alimentaire méritent d’être surveillées de près, au vu de la quantité de cochonneries chimiques qui agrémentent leurs recettes. Mais là, les reproches ressemblent à un mauvais procès. Car toutes ces préparations sont bel et bien constituées de poisson. Pas de trace de chat, de rat, de cheval ni de raton laveur. Seulement du poisson, dont on évite le gaspillage en exploitant ce qui reste collé à l’arête après avoir levé les filets : c’est très écolo, en ces temps où l’on redoute l’appauvrissement dramatique des réserves halieutiques. Sans vouloir offenser le pape de la gastronomie française, on ne saurait trop déconseiller la recette de la soupe aux moules de Paul Bocuse : il faut dévaliser son poissonnier pour extraire quelques cuillérées du précieux liquide, et les énormes résidus de la préparation peuvent nourrir une colonie de chats pendant un trimestre (le signataire parle d’expérience). Alors finalement, la soupe de poissons toute prête, ce n’est pas si mal…

La recette du jour

Diététique familiale

Vous êtes sourcilleux de l’équilibre diététique des repas de famille. Cuisinez régulièrement un turbot sauce hollandaise. Vous servirez le turbot nature aux enfants et vous saucerez la hollandaise avec une baguette de pain frais. Seuls les enfants feront la tête : ils préfèrent le poisson pané avec des frites. Dénoncez-les à la CLCV.

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