Livret A : moins de (...)

Livret A : moins de noisettes

Les paris sont ouverts sur la réponse à cette question capitale : quelle sera la rémunération du Livret A à compter du mois prochain ? Il semble que les bookmakers ne se soient pas aventurés sur ce terrain, vu que la détermination du taux est désormais régie par l’application d’une formule mathématique, à la portée de tout élève de 6ème. Enfin, en principe. Car les pouvoirs publics ont instauré un calcul automatique afin d’échapper au psychodrame que fait régulièrement naître la fixation de ce taux. Mais ils se sont accordé la latitude de moduler le résultat en fonction de critères indépendants des conditions de marché. Comme les sondages de popularité, par exemple. Car tout citoyen détient un Livret A, souvent depuis sa naissance. Des petits malins en ont même plusieurs, en dépit de la prohibition formelle, et malgré la traque des fraudeurs organisée grâce aux écoutes de la DGSE et aux satellites espions de la NSA américaine. Il en résulte que toute réduction du rendement est aussi dévastatrice que l’augmentation des impôts.

Ainsi donc, on connaîtra après-demain la valeur exacte des différents paramètres du calcul. Lesquels ne devraient pas s’écarter de leur estimation, faisant ainsi apparaître un taux de rendement inférieur à 1% (contre 1,75% en ce moment). Rien que de très cohérent : les taux d’intérêt du marché se traînent à des niveaux historiquement faibles et la hausse des prix se révèle plus sage que jamais (0,7% en moyenne annuelle). Compte tenu du principe de l’arrondi au quart de point supérieur, le Livret A devrait ainsi s’étalonner à exactement 1%. Seulement voilà : selon les sondeurs du moral des ménages, un taux inférieur à 1,5% serait considéré comme une insulte à l’épargne populaire. Mais un tel taux s’écarterait par trop des conditions de marché, renchérissant le financement du logement social et provoquant le courroux des banquiers et des assureurs qui invoqueront la concurrence déloyale. On parie en conséquence sur la fixation du taux à 1,25%. Qui mécontentera tout le monde mais ne fera hurler personne. C’est ça la politique, coco : en période de crise, mieux vaut infliger le martinet à chacun que la torture à quelques uns.

La recette du jour

Poires au sirop

Vous êtes chef de famille et confronté à une méchante querelle au sein de la tribu. Si les positions ne sont pas conciliables, installez-vous sous un chêne, coupez la poire en deux et arrosez d’une sentence sirupeuse. Les deux factions seront également mécontentes. Mais chacune d’entre elles se consolera à l’idée que sa situation aurait pu être pire.

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