Luxe : la baguette-étalon

Eh bien, heureusement pour les Japonais que leur pays a connu une très longue période de déflation. Car au palmarès des villes les plus chères du monde, ce sont Tokyo et Osaka qui continuent de truster les deux premières places. Tel est le résultat qui ressort du plus récent classement, établi par rapport aux prix de New York, la cité-référence pour toute comparaison internationale. La vie quotidienne coûte 50% plus cher dans les grandes villes japonaises que dans leurs homologues américaines. Dans ce classement, Paris n’arrive qu’à la 8ème place, juste devant… Caracas – mais les prix vénézuéliens ont été calculés sur la base du change officiel, qui n’a rien de commun avec le cours des changeurs de rue. Voilà donc qui devrait réconforter les Parisiens : leur train de vie serait plus modeste s’ils résidaient au Japon ou s’ils habitaient Oslo, Melbourne ou Singapour. Mais ils seraient d’authentiques maharadjas à Bombay : les prix y sont trois fois moins élevés qu’à Paris. Tout comme à Karachi – il y fait 23° ce matin, ce qui est plutôt sympa. Mais la météo sociale frôle en permanence la canicule, ce qui refroidit les velléités d’expatriation des Européens.

Dans ce classement, le coût de la vie a été étalonné à partir d’un panier de 160 articles, dont le journal belge ne donne pas le détail. Mais on sait au moins qu’y figure le pain : la baguette n’est donc plus réservée à la caricature du mode de vie français. Elle aurait envahi le monde, comme la pizza italienne, le hamburger yankee ou les nouilles chinoises. Et voilà que l’on découvre un fait surprenant : non que le pain soit cher à Tokyo, puisque rien n’y est bon marché. Mais le prix de la baguette est à peu près le même au Japon qu’à Paris, ce qui rend nos boulangers suspects de matraquer leurs clients. Alors que, si l’on en croit l’étude, le pain coûte trois fois moins cher à Bruxelles. Les Belges ont-ils inventé une recette de pistolet low cost ? Ce n’est pas impossible, vu que leur pain a une réputation exécrable, et largement méritée, ce qui ouvre des boulevards aux boulangers formés « à la française ». On comprend mieux pourquoi les Belges préfèrent leur cramique, ce pain brioché dont le Royaume doit la recette, dit-on, à feue notre Marie-Antoinette.

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