Nouba boursière à crédit

Nouba boursière à crédit

Selon les observations de l’éthologie asine, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Ce serait plutôt le contraire dans l’espèce humaine, et tout particulièrement dans la sous-espèce des Boursiers : on ne peut pas les empêcher de s’enivrer, même s’ils sont déjà bien caramélisés. Les psychodrames ordinaires de la vie américaine ne cessent d’en porter témoignage. Tout est prétexte à servir une nouvelle tournée. L’autre jour, c’est la nomination de Janet Yellen à la tête de la FED qui a donné aux marchés le prétexte pour lever le coude. Non que cette désignation fût une surprise, mais elle a permis à Wall Street de démentir sa réputation bien établie de misogynie. Mais c’est surtout que Janet, qui n’ignore rien de l’addiction des financiers, a promis de ne pas retirer le bol de punch. Elle va continuer à distiller du dollar grâce à l’alambic de la planche à billets. Le père Obama n’a pas cette chance, lui, vu que ses opposants au Congrès lui ont coupé les vivres. Hier, par exemple, il n’y avait plus un seul stylo à la Maison-Blanche pour signer l’accord conclu avec la France sur la lutte contre la fraude fiscale. Il a fallu ajourner cet événement majeur avant que les lignes téléphoniques de la Maison-Blanche ne soient coupées. Le côté positif de l’affaire, c’est qu’un peu de répit est accordé à la magouille fiscale transatlantique.

Et puis voilà qu’hier, un nouvel événement merveilleux s’est produit. Figurez-vous que Démocrates et Républicains américains ont accepté de… se parler. Non, non, vous ne rêvez pas : la rencontre est attestée. Si bien que les marchés se sont biturés de plus de 2%. On imagine sans peine la nouba prévisible lorsque les deux factions vont accepter de s’écouter. Pour ensuite s’accorder sur… un délai supplémentaire de vaines tractations. Il est déjà question de consentir un découvert de cinq semaines à Obama, à un taux d’intérêt qui sera sans doute prohibitif. Car la nouvelle stratégie politique US consiste à différer sans cesse le vote du fameux relèvement du plafond de la dette, sur lequel le consensus est manifestement impossible. Et pour cause : les deux factions ont toutes deux complètement raison. Les Démocrates s’enorgueillissent de défendre un système de santé digne d’une grande nation ; les Républicains s’honorent de vouloir empêcher le pays de crouler sous les dettes. Cette guérilla sans concessions ne laisse augurer aucun vainqueur, mais promet une victime de taille : les Etats-Unis eux-mêmes. Avec une méchante gueule de bois pour les marchés boursiers du monde entier, quand la prohibition viendra les dégriser.

La recette du jour

La cave du contrarien

Vos amis adorent s’étourdir dans des fêtes continuelles. Gardez la tête froide et vendez-leur autant de bibine qu’ils en réclament. Quand ils se réveilleront de leur cuite, fourguez-leur vos stocks d’Alka-Seltzer. Et sirotez tranquillement les grands bordeaux que vous avez accumulés grâce à vos profits de contrarien.

deconnecte