O tempora...

O tempora...

Nous vivons des temps bien délétères. Tout est désormais prétexte à la chienlit. En des temps lointains, les jeux du cirque étaient un exutoire aux immémoriales pulsions de violence de l’espèce. Une sorte de transfert psychanalytique collectif, sur les gladiateurs qui s’étripaient joyeusement dans l’arène. Aujourd’hui que les jeux ne font plus jaillir le sang sur les terrains de foot, les spectateurs baptisés supporteurs, ou plutôt certains d’entre eux, se sentent frustrés. Ils profitent de la célébration d’une victoire sportive pour déclencher une émeute, casser du matériel et harceler les forces de l’ordre. Pour transformer un théâtre de liesse en champ de ruines. Comme s’il fallait systématiquement souiller l’enthousiasme populaire, enténébrer les manifestations bon enfant. Les bons esprits usent ce matin d’arguments désespérants : l’encadrement policier aurait été insuffisant. Autant dire qu’il serait désormais nécessaire de mobiliser une armée pour encadrer la moindre fête de quartier.

Sans doute notre époque est-elle devenue trop barbare pour respecter les principes élémentaires de la vie sociale. Trop matérialiste, en somme. La population de Trèves vient d’en administrer une preuve éclatante : on y a volé Karl Marx, le plus illustre natif de la cité rhénane. Enfin, plus exactement, son effigie. Un artiste local ayant eu l’idée – défendable sur le plan touristique, critiquable sur le plan esthétique – d’envahir le centre-ville de mini-statues du concepteur du matérialisme (d’un rouge soviétique agressif, propre à faire apostasier un communiste intégriste), cette plantation d’effigies a fait l’objet d’une razzia systématique. Nul ne sait encore si la rapine a pour vocation de nettoyer la ville de ces verrues ridicules, ou si une nouvelle mode s’instaure en matière de nains de jardin. En tout cas, voler le plus éminent adversaire de la propriété privée, dans la ville qui l’a vu naître, c’est faire preuve d’une vulgarité qui vaut bien celle des casseurs du PSG.

La recette du jour

Fête de famille

Vous comptez organiser une fête de famille pour célébrer l’anniversaire de grand-mère. Prévenez la Préfecture de police et exigez la présence de quelques bataillons de CRS. Surtout si vous habitez les Champs-Elysées. Faute de quoi, vous devrez implorer l’émir du Qatar de payer la casse.

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