Plaidoyer pour la simplif

Plaidoyer pour la simplification

Voilà donc un sujet qui devrait pouvoir faire consensus jusqu’aux prochaines échéances présidentielles. Consensus sur la chamaille et la confusion, s’entend. Pas vraiment dans l’opinion publique, qui juge raisonnable de réduire l’épaisseur du fameux millefeuilles administratif français, avec les surcoûts manifestes qu’il génère en termes d’élus et de fonctionnaires, sans que le pékin bénéficie toujours de services publics à la hauteur de ses attentes. Dans l’écheveau de compétences que tisse l’organisation actuelle, le citoyen ordinaire regrette de n’avoir pas complété sa formation d’un doctorat en droit public, qui lui épargnerait de s’égarer dans les nombreuses voies sans issue qui piègent le parcours du combattant que sont la plupart des démarches administratives. En revanche, il ne fait pas de doute que les factions politiques vont avoir à redire sur le projet de regroupement des régions. Pas seulement parce que l’initiative est suspecte d’intervenir au moment où la cote de l’Elysée approche le zéro Kelvin de la popularité. Ce qui lui donne l’allure d’une diversion opportune. Mais surtout, les OPA inter-régionales, et la disparition programmée des conseils généraux, vont engendrer l’inévitable licenciement de cadres-barons locaux : il n’y aura pas de parachute doré pour tout le monde.

Dans l’immédiat, les futurs mariages arrangés par le Palais, ou le célibat imposé, suscitent moult récriminations. Les uns préféreraient une fiancée plus gironde, d’autres ambitionnent un prétendant moins roturier. Ailleurs, certains déplorent que « l’on fusionne des régions qui n’ont aucune histoire ni tradition en commun ». C’est possible, sinon probable. Mais les mêmes ne s’émeuvent pas que l’on acoquine au sein de l’UE des Etats qui ont encore moins de traditions partagées, et en commun la seule histoire de leurs castagnes passées. Les départements napoléoniens ont été dessinés sur la base de cet impératif : que tout administré fût à moins d’une journée de cheval du chef-lieu. En respectant cette logique de proximité, plutôt pertinente, on suggère de prendre en compte le fait que personne ne se rend plus à la Préfecture en fiacre : le cheval-vapeur a depuis longtemps supplanté le canasson. En foi de quoi peut-on regrouper toutes les régions en une seule, que l’on appellerait France sans fâcher quiconque, et dont la capitale serait Tranzault (Indre), qui est le barycentre du pays : aucun point du territoire ne se trouve à plus de 543,7 km de cette métropole de 300 habitants. Il faut moins d’une journée pour s’y rendre en bagnole. Avec un GPS, bien sûr.

La recette du jour

Plan de carrière

Vous êtes Conseiller général depuis des lustres et vous redoutez que votre carrière d’élu ne fasse les frais de la simplification administrative. Vos craintes sont justifiées. Déménagez illico à Tranzault et faites campagne pour les prochaines municipales. Avec des moyens minimaux, vous deviendrez le prochain Maire de la future capitale française.

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