Plébiscite du plombier

Plébiscite du plombier français

Oh My Lord ! Un frisson d’inquiétude parcourt l’Angleterre : il va peut-être falloir mettre la Reine sous curatelle. Figurez-vous que Sa Majesté gère le royal patrimoine comme un claque de quartier et qu’Elle est soupçonnée de claquer son budget en fanfreluches antidotées. Non seulement ses comptes sont en déficit, mais l’entretien de ses propriétés laisse à désirer. Si l’on en croit La Tribune dans sa narration catastrophiste – et catastrophique pour la langue française -, le Palais de Buckingham tombe en lambeaux : « Des sceaux [sic] doivent être mis dans la galerie de tableaux lorsqu’il pleut ». Et croyez-vous que Babeth ait nommé un Garde des seaux ? Que nenni. Elle n’a pas davantage convoqué son plombier pour remplacer la chaudière, qui a pourtant largement atteint l’âge de la retraite, soit dit sans vouloir offenser la Royale chaufferie. Il en résulte une incroyable déperdition d’énergie et tout le monde se caille les meules dans les couloirs du Palais. Pas étonnant que les visites protocolaires soient gelées pendant tout l’hiver, sauf pour les délégations d’Esquimaux.

Mais enfin, admettons-le, il y a un vrai problème de plomberie à Londres. Et aussi un problème de plombiers : le Royaume manque cruellement de plombiers français. Ce n’est pas que nos hommes de l’art soient particulièrement experts dans leur discipline, comme chacun d’entre nous a pu en faire l’amère expérience. Le plombier français a la réputation de Mr Boullu, le prestataire du capitaine Haddock : il ne respecte jamais ses rendez-vous. Et quand il finit par se pointer, c’est pour faire plus de dégâts qu’il n’y en a déjà. Seulement à Londres, il dispose d’un avantage irremplaçable : il parle français. Enfin presque ; disons, à peu près aussi bien qu’un journaliste stagiaire. Son sabir est tout de même précieux pour communiquer avec les exilés fiscaux, qui préfèrent affronter la plomberie pourrie des immeubles londoniens que le « 75% » des impôts parisiens. Il en résulte que les entreprises anglaises font un pont de cuivre à nos plombiers. En leur servant des salaires trois à quatre fois supérieurs à ceux d’un professeur d’anglais. Voilà qui devrait susciter quantité de vocations, avec la perspective excitante de pouvoir bricoler un jour la chaudière de Sa Majesté.

La recette du jour

Le sot met le sceau dans le seau

La dureté des temps futurs oblige à la rigueur dans l’éducation de vos enfants. Mettez leur formation de plombier sous le sceau d’une discipline de fer. Et ne leur cachez pas la réalité : s’ils échouent dans la plomberie, ils risquent de finir journalistes. Et de s’exposer ainsi à des seaux de quolibets.

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