Procréation à la romaine

Procréation à la romaine

Les techniques de procréation médicalement assistée ont à ce point progressé que la PMA est devenue une pratique presque ordinaire, avec un taux de succès honorable. Dans le même temps, les préoccupations éthiques et religieuses ont été (presque) totalement apaisées. Voilà qui concourt à maintenir, dans notre pays, un dynamisme de la natalité suffisant pour assurer le renouvellement des générations. Reste à régler la question épineuse de la gestation pour autrui, que notre Droit continue de prohiber expressément. Le Code civil pose que « Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial ». Pas de marchandisation possible de l’humain, fût-il embryonnaire. Sauf que cette prohibition n’est pas universelle et que s’est développé un « tourisme procréatif », qui constitue un véritable casse-tête juridique, quant à la transcription des actes d’état civil d’enfants nés à l’étranger. Chez nous, le législateur se montrerait plutôt favorable à la GPA, dès lors qu’elle relèverait d’une démarche altruiste – le don et non le business. Mais la question n’est toujours pas tranchée.

En tout cas, l’implantation d’embryons fécondés vient de soulever une nouvelle difficulté, à laquelle aucun Comité d’éthique n’avait jusqu’à ce jour réfléchi. On la doit à l’organisation défaillante d’un hôpital romain, qui s’est emmêlé les éprouvettes : des mères ont reçu des embryons provenant d’autres couples. Si bien que l’une d’entre elles se trouve enceinte de jumeaux, dont l’appareil génétique n’a rien de commun avec celui de ses parents. Une mère porteuse à l’insu de son plein gré, en quelque sorte, mais qui entend considérer comme sa propre progéniture le fruit de sa gestation. Leur proximité géographique du Vatican ne devrait pas exonérer les médecins concernés des embarras judiciaires. Mais on se demande comment la Justice italienne va régler la question de l’état civil des enfants à naître, eu égard à la complexité de la situation et aux probables revendications des deux couples concernés. Peut-être faudra-t-il s’en remettre aux Rois mages, pour déterminer l’identité des deux mouflets.

deconnecte