Retour au Paléolithique

Retour au Paléolithique

Vous redoutez d’être exposé à l’obésité, au diabète, aux ennuis cardio-vasculaires, aux insomnies et au rhume des foins ? Vos inquiétudes sont légitimes. Et vous savez pourquoi tous ces maux vous guettent : vous vous nourrissez n’importe comment. Vous abusez du prêt-à-manger industriel ; vous consommez trop de sel, trop de sucres, trop de gras et trop de conservateurs chimiques. Ce n’est pas très malin. Si bien qu’après avoir testé de multiples régimes, qui vous font perdre quelques kilos et votre bonne humeur, vous retrouvez rapidos vos envies de charcutaille, de whisky-cacahouètes et de crème glacée. Et vous récupérez illico surcharge pondérale et mauvaise conscience. Il est donc temps pour vous d’adopter le régime préhistorique, un must aux Etats-Unis qui devient très tendance en Europe : beaucoup de barbaque et de légumes-racines, le tout cuit a minima. Des fruits à profusion, et notamment des fruits secs, puisque la saison de la figue, de l’abricot ou du raisin était plus brève au Paléolithique qu’elle ne l’est aujourd’hui. Grâce à ce régime d’haltérophile, vous aurez une pêche d’enfer et plus une once de gras, sous réserve que vous alliez vous-même chasser l’auroch et cueillir les myrtilles (sans quoi la goutte vous guette). Vous atteindrez ainsi l’idéal de l’homme de Cro-Magnon, qui pétait de santé et survivait jusqu’au seuil de la trentaine, échappant ainsi au fléau redoutable de l’infarctus du myocarde.

Il en résulte ce constat accablant : la gastronomie ordinaire a évolué plus vite que le génome du sapiens sapiens. Notre corps n’a pas encore enregistré les bienfaits diététiques de la pizza napolitaine et du hamburger-frites. Il semble bien que le cerveau de notre espèce n’ait pas davantage évolué depuis le Neandertal. Et que les relations entre individus continuent de privilégier l’invective et le gourdin. Même les amuseurs publics recourent désormais à l’humour raffiné des Pierrafeu, caractérisé par les éructations de crétin des Alpes et les insultes de charretier. Remarquez bien, cette dialectique sophistiquée est devenue la règle des relations politiques. Même les Américains, qui revendiquent un haut niveau de civilisation, ont adopté une conception du débat public que n’eussent pas désavouée les Pithécanthropes : ils se balancent des gnons jusqu’à ce que l’un des adversaires morde la poussière. On devrait savoir bientôt si cette stratégie est efficace pour voter le budget de la plus grande démocratie du monde. Si elle fonctionne, nos élus ne manqueront pas de l’adopter au plus vite. Merci, l’Amérique.

La recette du jour

Régime paléo

Grâce aux bienfaits de l’évolution, vous savez désormais que la négociation ne sert à rien : au bout du compte, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Epargnez votre temps en menant vos transactions au gourdin. Et consacrez-vous à la chasse au sanglier, à la cueillette des champignons et aux banquets pantagruéliques : vous vivrez trentenaire.

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