Richard III, acte II

Richard III, acte II

Nous vivons des temps très shakespeariens. Le monde entier se retrouve dans la peau de Richard III, hanté par le fantôme de toutes les horreurs qu’il a laissé commettre voire encouragées. Et qui, dans la confusion qui prélude à la débâcle, échangerait son « royaume pour un baril ». Il est clair que la chienlit en Méditerranée et au Proche-Orient laisse augurer des moments compliqués pour l’extraction et l’acheminement de l’or noir, sans lequel nous serions menacés de retourner au paléolithique inférieur. Si bien que les fauconniers de la diplomatie américaine n’hésitent pas à réclamer le recours aux armes, pour réduire en poussière du désert la clique kadahfiste, et à l’esclavage tous ceux qui, dans ces territoires richement huilés, constituent un obstacle présent ou à venir à l’accès au précieux élixir. La stratégie guerrière ne fait pas l’unanimité, comme l’a fort opportunément signalé notre nouveau Ministre des Affaires étrangères. Mais l’option popote de l’Union pour la Méditerranée demeure très incertaine, vu qu’elle a été principalement engagée avec les despotes que les autochtones ne veulent plus voir en peinture.

Ce devrait être l’occasion de vérifier un principe édicté par les (rares) économistes facétieux, appelé loi du maximum de vexation. Selon laquelle, en politique comme en économie, ce sont les hypothèses les plus désagréables qui se vérifient. En d’autres termes : la tartine tombe toujours du côté de la confiture. La difficulté du moment consiste justement à distinguer la peste du choléra dans les scénarios qui se dessinent. Dès lors qu’il est hautement improbable que le Colonel libyen soit soudainement touché par la grâce pacifiste et que les monarques du Golfe soient saisis d’une fièvre partageuse, que les Américains renoncent à leur imperium et les populations arabes à leurs aspirations, l’espérance d’un happy end relève de l’hallucination. Un contexte qui va assurément encourager les tentations spéculatives sur le prix du brut. Si vous voulez continuer de vous déplacer en voiture, il faut vous préparer à siphonner votre livret d’épargne. Et pour le chauffage domestique, autant planter des arbres sur votre balcon. Des sapins plutôt que des chênes, si vous êtes frileux : leur croissance est plus rapide.

La recette du jour

Energie shakespearienne

Le carburant étant promis à devenir plus coûteux que le cognac, installez un pédalier sur votre bagnole : vous musclerez vos économies et vos mollets. Extrayez le méthane de vos résidus ménagers pour l’éclairage et la cuisine ; pour le chauffage, stockez le crottin de canari. Ou relisez Hamlet, pour faire venir à vous la forêt d’Elseneur.

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