Robotique et vétusté

Robotique et vétusté

Oui, les robots améliorent notre vie quotidienne : ils se tapent quantité de taches ingrates et répétitives sans se tromper ni rechigner ; ils nous épargnent de faire la queue et d’affronter la mauvaise humeur inguérissable du guichetier. Oui, les robots sont une calamité pour la société : ils savent maintenant faire tant de choses qu’ils relèguent quantité de gens au chômage à perpétuité. Et encore ne doit-on pas se plaindre : tant que n’existe pas le robot-médecin, qui établira son diagnostic sans se laisser enfumer par le patient, le pékin pourra continuer d’obtenir des arrêts-maladie injustifiés – ce qui contraint les firmes à des sureffectifs incompressibles. Encore que les choses pourraient évoluer, depuis que le recrutement des grandes entreprises passe par une phase robotisée, avec un succès attesté, vu qu’une large part des candidatures ne correspond aucunement au profil demandé. Sans doute serait-il opportun d’inventer un robot dédié à la rédaction du CV : entre machines, on se comprend et les vaches seraient bien gardées.

Ou peut-être devrait-on implanter une puce d’identification sous la peau de chaque citoyen, qui enregistrerait en continu toutes ses caractéristiques, y compris sa vulnérabilité récurrente à la maladie – le vendredi et le lundi, qui sont les journées les plus attentatoires à la santé du salarié, allez donc savoir pourquoi. Finalement, chacun se trimballerait avec son code barre, comme les produits des rayons de supermarché. Avec quelques risques collatéraux, toutefois : la Commission européenne voudrait en effet revenir sur la mention « à consommer de préférence avant… », que de nombreux consommateurs confondent avec la date de péremption. Il en résulte un gaspillage considérable, notamment chez ceux qui mettent cinq ans avant d’entamer leur paquet de pâtes, ou dix ans avant d’ouvrir leur boîte de sardines. C’est la même chose avec le recrutement : au-delà de la quarantaine, le candidat est suspect de devenir rapidement périmé. Remarquez, les craintes sont quelquefois justifiées. Avec les élus politiques, notamment : vous choisissez un candidat qui vous paraît normal et susceptible d’assumer son poste pendant cinq ans. Et puis patatras ! Au bout de deux ans, il a déjà dépassé sa limite de péremption. Ce n’est pas facile à gérer. Car s’il a un contrat bien ficelé, vous ne pourrez pas le virer. Même en le gratifiant d’un parachute doré. Vivement que les électeurs soient remplacés par des robots : eux, au moins, ne se laisseront pas embobiner.

La recette du jour

Robot de jardin

Vous cherchez à recruter un jardinier pour entretenir le parc de votre résidence palatine. Utilisez un robot pour trier les milliers de candidatures que vous recevrez. Mieux encore : achetez un robot-jardinier. Et louez-le à vos voisins quand il aura fini de tailler vos haies. C’est tout bénef.

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